Thèse soutenue

Approche transactionnelle et métacognitive de l’absentéisme consécutif à un accident du travail

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Rachel Freu
Direction : Raphaël Trouillet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : PSYCHOLOGIE spécialité Psychologie cognitive
Date : Soutenance le 30/11/2018
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : Territoires, Temps, Sociétés et Développement
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Epsylon (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Florence Cousson-Gélie
Examinateurs / Examinatrices : Raphaël Trouillet, Laurent Auzoult, Sophie Berjot
Rapporteurs / Rapporteuses : Bruno Quintard, Xavier Borteyrou

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Ce travail repose sur des observations de terrain montrant que des salariés vont s’orienter ou non vers un arrêt de travail suite à un même type d’accident du travail de gravité mineure. De plus, les statistiques nationales décrivent une tendance à la baisse pour les accidents du travail mais l’absentéisme est en hausse (CNAM, 2016 ; Ayming-Kantar TNS, 2016). Ces données posent donc la question de la nature de la relation entre l’accident et l’arrêt de travail. L’objectif de cette thèse était d’explorer dans quelle mesure l’arrêt de travail serait expliqué par les états de stress et les stratégies de coping des salariés accidentés. En référence au modèle Self-Regulatory Executive Function – S-REF (Wells & Matthews, 1994), un objectif dans ce travail de thése est d'explorer dans quelle mesure les croyances métacognitives constitueraient des facteurs pouvant expliquer les états de stress, et leur gestion, après une période d'arrêt de travail. En référence à ce modèle, nous postulions alors que les salariés, en arrêt de travail, développeraient un syndrome cognitif attentionnel – CAS (Wells, 1995). Nous avons réalisé trois études testant trois hypothèses principales : 1) les salariés absents suite à un accident du travail présentent un profil métacognitif particulier impliquant des croyances métacognitives positives et négatives sur l’inquiétude, et activent préférentiellement des stratégies de coping émotionnelles ou d’évitement (étude 1) ; 2) les salariés absents suite à un accident du travail ont construit une représentation de l’accident du travail plus menaçante que les salariés qui ne se sont pas absentés (étude 2) ; 3) la probabilité de s'arrêter de travailler, dans les jours suivant l'accident, serait prédite par l'état affectif des salariés après l'accident (i.e., inquiétude, dissociation et détresse péritraumatiques) ainsi que par leurs stratégies de coping (étude 3). Nos résultats montrent que les salariés ayant vécu un accident du travail ne présentent pas de profil métacognitif différent selon qu’ils aient eu un arrêt de travail ou non (étude 1). Les stratégies de coping sont prédites par les croyances métacognitives ayant trait à l’inquiétude ; les stratégies de coping centrées sur le problème sont moins utilisées par les salariés ayant eu un arrêt de travail suite à leur accident du travail (étude 1). La représentation de l’accident du travail ne présente pas un caractére menaçant supérieur chez les salariés qui ont eu un arrêt de travail (étude 2). Enfin, les résultats de l’étude 3 montrent que la probabilité d’être en arrêt de travail suite à un accident du travail est uniquement prédite par une faible propension à l’usage des stratégies de coping centrées sur le problème. Nos principaux résultats indiquent que le stress ressenti par les victimes d’accident est influencé par les croyances métacognitives positives et négatives sur l’inquiétude (études 1 et 2). Nos travaux ne montrent pas de différence dans le profil métacognitif entre les salariés absents et non absents après un accident du travail. L’utilisation des stratégies de coping centrées sur le problème serait le principal corrélat (étude 1) et prédicteurs (étude 3) de l’absentéisme des salariés accidentés. L'ensemble de ces résultats plaide en faveur d'une approche de l'arrêt de travail appuyée sur la modélisation transactionnelle du stress, afin de mieux comprendre ce phénomène et proposer des méthodes de prise en charge innovantes des salariés ayant vécu un accident du travail.