Thèse soutenue

Du corps transgressif au corps subversif : corporéités dissidentes dans l'œuvre de Pierre Molinier

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Auteur / Autrice : Mélodie Marull
Direction : Claire Lahuerta
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Arts
Date : Soutenance le 23/11/2018
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités Nouvelles - Fernand Braudel (Lorraine)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche sur les Médiations (Metz)
Jury : Président / Présidente : Bernard Lafargue
Examinateurs / Examinatrices : Claire Lahuerta, Bernard Andrieu, Sandrine Ferret, Isabelle Gavillet
Rapporteurs / Rapporteuses : Bernard Andrieu, Sandrine Ferret

Mots clés

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Résumé

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L’œuvre de Pierre Molinier (1900-1976) est profondément transgressive, autant par les procédés élaborés que par les thèmes investis. Le réseau d’influences nourrissant les expérimentations plastiques de l’artiste est com-plexe et nous verrons comment certains de ses points nodaux tel que le fétichisme sont métaphorisés au sein de ses techniques photographiques et picturales. Il s’agira également de comprendre pourquoi les images et les discours qu’elles produisent apparaissent aujourd’hui comme précurseurs d’une conception queer de l’identité, du corps et des sexualités. Par ailleurs, une telle recherche pose la question du regard porté sur ses œuvres et de la contextualisation de celui-ci. Nous avons eu recours à une méthodologie d’analyse similaire à celle employée par William F. Edmiston dans Sade Queer Theorist et reposant sur de réguliers retours aux œuvres et aux textes issus des notes et des correspondances de l’artiste. Nous avons choisi d’articuler notre thèse selon deux mouvements, similaires à ceux structurant le processus créatif de l’artiste. La première partie repose sur l’analyse d’une extension au-delà du corps de l’artiste. Masques et prothèses sont employés en tant qu’outils de modification corporelle et participent à l’expression d’une authenticité dans l’artifice. Les créa-tures que Molinier compose à partir de photographies de lui- même et de ses modèles traduisent le passage de la multiplicité à l’unité et donnent à voir des anatomies dissidentes. La seconde partie, répondant à la précédente, correspond à un mouvement de contraction. D’une part, son rapport à l’autre s’établit sur le mode de l’absorption, l’artiste conçoit le caractère ductile des corps et les emploie comme matériaux de création. D’autre part, les expérimentations autoérotiques occupent une place primordiale dans le paradigme molinien qui s’approprie le vocabulaire visuel du Bdsm. Chez Molinier, le corps se révèle dans une matérialité créatrice à partir de laquelle l’artiste- alchimiste donne naissance à des créatures hybrides, incarnant son idéal de fluidi-té de l’identité et des sexualités. Pierre Molinier vient perturber des systèmes binaires et normatifs tant dans ses pratiques autoérotiques que dans leur mode de représentation. Construisant un langage de l’intime et du corps, il en reconfigure la forme et les fonctions, alliant mascarade et transgression vers de nouvelles corpo-réités