Vivre avec les aléas naturels : ruptures et crises socio-environnementales dans le Japon contemporain
Auteur / Autrice : | Grégory Beaussart |
Direction : | Anne Bouchy |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie sociale et historique |
Date : | Soutenance le 07/11/2017 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire interdisciplinaire Solidarités, sociétés, territoires (Toulouse) |
Jury : | Président / Présidente : Francis Dupuy |
Examinateurs / Examinatrices : Anne Bouchy, Claude Gilbert, Sophie Houdart, Vanessa Manceron, Gaëlle Clavandier, Sandrine Revet | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Claude Gilbert, Sophie Houdart |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
L’archipel japonais jouit d’un environnement riche en ressources naturelles : ressources halieutiques, climat diversifié et relativement doux, abondance des ressources forestières, diversité de la faune et de la flore. Ces bienfaits,rendus possibles par des conditions géo-climatiques particulières, s’accompagnent d’un prix élevé. Séismes, typhons et pluies torrentielles sont le quotidien des habitants de l’archipel. Ce dernier est occasionnellement le théâtre dephénomènes plus spectaculaires comme les tsunamis et les éruptions volcaniques. Au fil des siècles, la société japonaise s’est très bien adaptée à la récurrence de ces phénomènes et aux cycles de catastrophes qu’ils induisentdans leur sillon, et elle a construit ses propres stratégies pour les surmonter, constituant un véritable paradigme cindynique. Néanmoins, au détour du XXe siècle, de nouvelles formes de danger ont émergé au sein des sociétés industrielles. Ce sont les risques technologiques, auxquels le Japon n’a pas échappé. Dans ce nouveau contexte social, politique et économique, le 11 mars 2011 un séisme et un tsunami ont frappé la centrale de Fukushima, au nord-est du Japon, et déclenché une catastrophe nucléaire d’une gravité encore difficilement sondable. Au fil des années, l’ampleur de la crise sociale, environnementale, politique et sanitaire se révélant progressivement a fait émerger de nouveaux problèmes, qui de plus en plus remettent en cause le paradigme cindynique japonais contemporain. La crise met ainsi la société japonaise à l’épreuve d’un type de catastrophe dont les enjeux collatéraux, les plus dommageables, sont également les plus difficilement appréhensibles. Cette thèse cherche à prendre de la distance par rapport à l’événement de mars 2011 tout en faisant un parallèle avec celui-ci, afin de mieux comprendre les logiques de fond qui sous-tendent le fonctionnement du paradigme cindynique « traditionnel », et ses insuffisances au regard de la situation cindynique du Japon contemporain. J’ai pour cette raison axé le centre du terrain sur la péninsule de Kii, un petit morceau de terre situé au sud de Kyōto et constitué de montagnes boisées, abritant un grand nombre de petits villages côtiers et forestiers mais aussi quelques grandes villes, exposés à des aléas très violents. À travers différents domaines du fait social et culturel, la thèse analyse les stratégies de gestion développées par les communautés de la péninsule pour vivre avec les aléas, les catastrophes et surtout les ruptures qu’ils induisent. Les angles d’approches sont multiples : l’expérience directe et la mémoire, les structures sociales, le fait religieux, les savoirs et les dimensions spatiales et temporelles du rapport aux aléas et aux événements catastrophiques. Ces différents aspects, transversaux au vécu et à la gestion des cycles catastrophiques, sont explorés conjointement pour montrer les logiques adaptatives grâce auxquelles la société japonaise a composé, dans son développement, avec les instabilités de son contexte socio-politique interne et de son milieu naturel.