Thèse soutenue

Nouveaux réalismes et imaginaires sociaux de la modernité dans le roman espagnol contemporain (2001-2011)

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Auteur / Autrice : Anne-Laure Rebreyend
Direction : Geneviève ChampeauPhilippe Roussin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études ibériques et ibéro-américaines
Date : Soutenance le 08/12/2017
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : AMERIBER-Amérique latine, Pays ibériques (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Jean-François Carcelén
Examinateurs / Examinatrices : Geneviève Champeau, Philippe Roussin, Catherine Orsini-Saillet, Amélie Florenchie, Jesús Izquierdo Martín
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-François Carcelén, Catherine Orsini-Saillet

Résumé

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Cette thèse porte sur le renouvellement du réalisme dans la production narrative espagnole des années 2000, à partir d’un corpus de quatre romans, et se demande : en quoi consiste l’esthétique réaliste actuelle, quelle est son épistémologie et quel lien entretient-elle avec d’autres discours de savoir ? Quel rôle jouent les récits réalistes dans la configuration des imaginaires sociaux, alors que sont remis en question l’héritage de la transition démocratique et le récit de la modernisation espagnole ? Sont d’abord examinées les conditions de possibilité historiques, socio-économiques et culturelles d’un renouveau du réalisme – cartographié dans le champ littéraire des vingt dernières années. Hypothèse centrale : le réalisme ressurgit du fait que les débats de mémoire historique depuis 2000 et la crise économique, sociale et politique depuis 2008 engagent une révision du mythe de la Transition et du projet de la modernité qui structurait les imaginaires sociaux espagnols depuis les années 1960. Trois parties proposent des études de poétiques réalistes, en diachronie et en synchronie, pour mettre en valeur l’évolution des modes de référentialité réalistes entre le début des années 2000 et le début des années 2010, avec la crise de 2008 et ses prémices pour point d’inflexion. La première partie porte sur deux romans (Antonio Muñoz Molina, Sefarad, 2001 et Ignacio Martínez de Pisón, Enterrar a los muertos, 2005) qui dialoguent avec la fabrication sociale de documents et l’historiographie pour réinterpréter la guerre de 1936, de la dictature et de la transition. Les deuxième et troisième parties (Rafael Chirbes, Crematorio, 2007, et Isaac Rosa, La mano invisible, 2011) analysent l’élaboration d’un récit collectif de l’Espagne développementaliste, à l’aube de la crise, par des romans qui dialoguent avec la théorie économique et la sociologie historique. Au carrefour du littéraire, des discours sociaux, de l’histoire et de la sociologie contemporaine de l’Espagne, cette thèse soutient que la réappropriation du réalisme dans les années 2000 participe à la remise en question d’une identité nationale démocratique et moderne, au resurgissement d’une réalité problématique et d’imaginaires sociaux paramodernes après l’écroulement du métarécit d’une transition modèle. Si les romans cherchent tous à prendre en charge le réel social selon ses représentations, ils se différencient par leur traitement de la question politique de ce que « réel » veut dire, par le choix du chemin selon lequel le décrire, et par l’évaluation de la nature des causes historiques et matérielles de la réalité qu’habitent les écrivains.