Thèse soutenue

Dynamiques de la formation du bois du Mélèze (Larix decidua Mill.) le long d’un gradient altitudinal de 1000 m dans les Alpes du sud Françaises

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Auteur / Autrice : Seyedehmasoumeh Saderi
Direction : Meriem Fournier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du Bois et des Fibres
Date : Soutenance le 21/12/2017
Etablissement(s) : Paris, AgroParisTech
Ecole(s) doctorale(s) : RP2E - Ecole Doctorale Sciences et Ingénierie des Ressources, Procédés, Produits, Environnement
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'Etudes des Ressources Forêt-Bois
Jury : Président / Présidente : Philippe Rozenberg
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Rozenberg, Kambiz Pourtahmasi, Marina Bryukhanova, Cyrille Rathgeber
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Rozenberg, Kambiz Pourtahmasi

Mots clés

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Résumé

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La survie des plantes pérennes dépend de leur capacité à s'adapter à leur environnement. Les modèles de végétation prédisent que les changements climatiques vont avoir un effet profond sur la production et la distribution des forêts. La réponse des arbres aux changements climatiques dépend de la capacité du cambium à produire un bois performant. L'objectif est de comprendre quelles modifications des processus de formation du bois permettent aux arbres de croître dans des conditions contrastées. Nous avons suivi la formation du bois de 60 mélèzes, en 2013, dans quatre peuplements, le long d'un gradient altitudinal de 1000 m dans les Alpes du Sud. Des échantillons ont été prélevés chaque semaine. Les cellules en formation ont été classées et comptées en fonction de leur stade de différentiation (division, élargissement, épaississement et mature). De plus, l'occurrence de tissus cicatriciels a été notée. Le comptage cellulaire a ensuite servi à calculer les dates critiques de la formation du bois à l'aide de régressions logistiques, alors que la croissance du bois était décrite par l'ajustement de modèle de Gompertz. Les dates et taux obtenus ont été comparés au gradient altitudinal grâce à des tests bootstrap et des modèles linéaires mixtes. La contribution relative à la production annuelle totale du taux par rapport à la durée a été estimée à l'aide d'une analyse de sensibilité. L'activité cambiale (AC) a commencé vers mi-mai pour le site le plus bas du gradient et vers mi-juin pour le site le plus élevé, ce qui correspond à un retard de 3 jours par 100 m. Le début des autres périodes de la formation du bois (FB) suivaient la même tendance altitudinale, mais avec un décalage de quelques jours à un ou deux mois. Les fins de l'AC et de la FB suivaient une tendance parabolique avec les arbres du peuplement le plus bas finissant en premier, ceux du peuplement le plus haut en second, et ceux des peuplements intermédiaires en dernier. Les durées totales de l'AC et de la FB présentaient également des tendances paraboliques avec les durées les plus courtes à 2300 m, et les plus longues à 1700 m. Néanmoins, nous avons découvert que le raccourcissement de la saison de végétation lié à l'altitude était compensé par une augmentation des taux de production cellulaire aboutissant à des largeurs de cernes finales comparables pour les trois peuplements du haut. Le peuplement du bas, au contraire, présentait des cernes plus étroits, en raison de saisons de végétation plus courtes et de taux de production plus bas. L'analyse de sensibilité a montré que le nombre de cellule final était plus influencé par le taux de production que par sa durée. Nous avons constaté une augmentation du nombre de cellules cambiale avec l'altitude, qui contrebalançait l'allongement du cycle cellulaire, et maintenait un taux de production important. Enfin, nous n'avons pas observé de tissues cicatriciels mais un nombre important de canaux résinifères. Un examen détaillé des résidus des ajustements des Gompertz a conduit à penser que le microcarottage stimule légèrement l’AC, perturbant la xylogénèse et la structure finale des cernes de croissance. Les délais observés dans le démarrage de l'AC et de la FB peuvent être associés au gradient adiabatique de température et être ainsi convertis en un allongement de la saison de végétation de 5 jours par °C. D'un autre côté, nos résultats montrent que c'est plutôt la photopériode qui détermine la fin de l’AC, bien qu'une restriction hydrique soit capable de précipiter cette fin. Cependant, même si la phénologie est une composante importante du fonctionnement des forêts, nos résultats soulignent le rôle majeur du taux d’activité cambiale en ce qui concerne la croissance. L'investissement structural consistant à augmenter le nombre de cellules cambiales pour soutenir le taux de division quand l'altitude augmente, que la température baisse, et que le cycle cellulaire s'allonge, révèle un mécanisme d'adaptation puissant.