Thèse soutenue

Du "care" à l' "agency" : l'engagement associatif des femmes d'Afrique subsaharienne dans la lutte contre le VIH/sida en France

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Auteur / Autrice : Marjorie Gerbier-Aublanc
Direction : Annabel Desgrées du Loû
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 30/05/2016
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales : cultures, individus, sociétés (Paris ; 1994-2019)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019)
Laboratoire : Centre population et développement / CEPED - UMR_D 196
Jury : Président / Présidente : Françoise Le Borgne-Uguen
Examinateurs / Examinatrices : Annabel Desgrées du Loû, Françoise Le Borgne-Uguen, Marcel Calvez, Vinh-Kim Nguyen, Patricia Paperman, Dolorès Pourette
Rapporteurs / Rapporteuses : Marcel Calvez, Vinh-Kim Nguyen

Résumé

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Le paysage associatif français de lutte contre le VIH/sida voit émerger dès la fin des années 1990 un ensemble d'associations d'immigrant-e-s, en particulier porté par des personnes nées en Afrique Subsaharienne. Lourdement affectées par l'épidémie et longtemps oubliées des programmes de lutte contre le VIH/sida, les femmes immigrantes devenues une cible prioritaire des autorités sanitaires y occupent une position particulière. L'objectif de cette thèse est d'éclairer le rôle spécifique joué par les femmes nées en Afrique Subsaharienne dans la lutte contre le VIH/sida en France et d'analyser les conséquences d'un tel engagement associatif sur les différentes sphères de leur vie. Une enquête socio-ethnographique a été réalisée en Île-de-France, entre 2011 et 2013, à partir de l'observation du quotidien de six associations, d'actions et d'événements associatifs divers. Quatre-vingt-six entretiens ont été conduits auprès de femmes rencontrées dans douze associations, afin de reconstituer leur trajectoire biographique, et auprès de médecins et assistantes sociales hospitalières pour saisir leurs représentations de ces actrices associatives. Le care et l'agency forment le cadre analytique émergeant des matériaux empiriques. L'enquête montre que les projets associatifs menés par les femmes nées en Afrique Subsaharienne répondent de manière sensible aux besoins des immigrant-e-s les plus vulnérables mais également aux besoins de soutien des professionnel-le-s de l'action sociale et de santé. Majoritairement féminins, ces collectifs s'inscrivent dans une grammaire associative du care reposant sur l'auto-support et la rencontre entre deux profils : les usagères en situation de liminalité et les aidantes aux ressources diverses. Les usagères puisent dans ces espaces les supports nécessaires à la sortie du statut liminal, tandis que les aidantes développent une expertise du terrain qui leur permet de s'insérer dans les sphères professionnelles et politiques du VIH/sida. Les analyses pointent le processus d'agence des femmes engagées au sein de ces associations. Les usagères négocient les modalités de leur insertion sociale en France en recourant de manière tactique aux associations qu'elles fréquentent. Les aidantes s'appuient sur la lutte contre le VIH/sida pour dépasser la place traditionnellement réservée aux immigrant-e-s en France et accéder à l'espace public. De plus, le positionnement spécifique des femmes aux sein des associations d'immigrant-e-s leur offre une opportunité particulière de s'approprier stratégiquement les normes de genre intégrées au fil de leur socialisation. Cependant, les enjeux sociaux de la lutte contre le VIH/sida articulés à la position sociale de ces femmes dans le contexte migratoire freinent la voix/e différente qui semble leur être ouverte par la lutte contre l'épidémie en France.