Thèse soutenue

Polonais-es et Juif-ve-s polonais-es réfugié-e-s à Lyon (1935-1945) : esquives et stratégies

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Auteur / Autrice : Laurence Prempain
Direction : Laurent Douzou
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 05/12/2016
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (Lyon ; 2003-....)
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Laboratoire : Laboratoire de recherche historique Rhone-Alpes
Jury : Président / Présidente : Jean Solchany
Examinateurs / Examinatrices : Anne-Marie Granet-Abisset
Rapporteurs / Rapporteuses : Fabrice Virgili

Résumé

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Laurence Prempain consacre sa thèse de doctorat d’histoire aux Polonais-es et Juif-ve-s polonais-es venu-e-s vivre à Lyon (France) entre 1935 et 1945. Dans une première partie, elle présente le cadre géographique (Lyon) ainsi que sa méthodologie (approche par le genre, choix de la microhistoire, le silence comme source) et sa volonté de donner à entendre leurs voix afin de les placer au coeur de sa démarche. Pour cela, suite au dépouillement de quelque 600 dossiers administratifs constitués par le bureau de contrôle des étrangers (préfecture du Rhône), les lettres qu’ils-elles ont écrites ont été collectées pour ce qu’elles mettent au jour de la lutte de leurs auteur-e-s pour vivre et survivre. L’historienne part du postulat que les Polonais-es et Juif-ve-s polonais-es venu-e-s en France composent une population hétérogène n’ayant en commun qu’un rattachement à une citoyenneté, mais qu’ils-elles n’en demeurent pas moins des réfugié-e-s économiques, politiques ou de guerre. Ainsi, un temps considéré-e-s comme les bienvenu-e-s, les ressortissant-e-s polonais-es sont tous-tes, à un moment de leur parcours de vie, considéré-e-s comme indésirables. Aussi, la deuxième partie est consacrée à l’exploration des procédés auxquels la Troisième République, puis le régime de Vichy ont recours : expulsions, refoulements, exclusions, internements sinon déportation. Par ailleurs, l’auteure s’intéresse aux sorties de guerre et démontre l’existence d’une dimension genrée de l’épuration, comme expression d’une tentative de réappropriation de l’autorité. L’attention est également portée sur l’organisation du rapatriement des étranger-ère-s déporté-e-s raciaux et politiques. Enfin, dans une troisième partie, elle affirme que loin de subir, ces hommes et femmes agissent et développent des stratégies évolutives. Au travers des lettres qu’ils-elles ont écrites, de ce qui est dit mais aussi passé sous silence, elle établit que ces stratégies semblent relever de ce qu’elle choisit de nommer esquive et transgression. L’une s’accommode des limites quand l’autre s’y oppose délibérément. Esquive et transgression se complètent. Il est montré qu’à l’arbitraire sans cesse croissant du régime de Vichy, répondent des stratégies de plus en plus transgressives, dont relèvent notamment le passage de frontière, l’entrée en clandestinité et en résistance. Le passage d’une forme de stratégie à l’autre dépend de l’individu, du contexte, de ses habiti, de son parcours et de son identité. L’historienne conclut qu’en 2016, la crise des réfugié-e-s qui secoue l’Europe résonne des mêmes voix, de celles et ceux qui cherchent à protéger leurs vies et à vivre dans la dignité