Thèse soutenue

Vrai et faux Alzheimer à l'épreuve de la notion de pseudodémence

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Auteur / Autrice : Maud Vinet-Couchevellou
Direction : François Sauvagnat
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie clinique et psychopathologie
Date : Soutenance le 04/12/2015
Etablissement(s) : Rennes 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales (Rennes)
Partenaire(s) de recherche : PRES : Université européenne de Bretagne (2007-2016)
Jury : Président / Présidente : Houari Maïdi
Examinateurs / Examinatrices : Jacques Dayan, Pascal-Henri Keller, Frédéric Rouillon
Rapporteurs / Rapporteuses : Houari Maïdi, Jean-Marc Talpin

Résumé

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Il n’y aurait essentiellement aujourd’hui que deux choix diagnostiques pour expliquer les troubles cognitifs du sujet âgé : la « dépression » ou la « maladie d’Alzheimer » (MA) qui, rappelons-le, reste encore à ce jour un diagnostic clinique qu’aucun test ne peut formellement valider. La dépression, dont l’autonomisation spectrale et la biologisation de plus en plus marquée permettent actuellement au modèle réductionniste biomédical dominant de l’intégrer dans les chapitres prédémentiels d’une MA elle-même expansée, est présentée comme la version moderne et exclusive de la pseudodémence qui définit un état démentiel non-organique potentiellement réversible. Notre recherche montre que cette question est plus complexe et que plusieurs facteurs, non identifiés jusqu’ici, ont participé à une distorsion de la notion psychiatrique de pseudodémence. Le premier facteur est une mauvaise connaissance radicale et une négligence du paradigme primaire de la pseudodémence : la Psychogene Pseudodemenz de la psychiatrie allemande (fin 19ème - début 20ème). Le second facteur est un saisissement lacunaire et révisé du paradigme secondaire britannique, la Pseudo-dementia de Kiloh (1961), où la notion de pseudodémence dépressive est introduite. Le troisième facteur est une application du « mouvement de la maladie d’Alzheimer » (1975-1985) qui aboutit, par le truchement du « syndrome démentiel de la dépression » de la psychiatrie américaine, à l’émergence du troisième paradigme - la dépression -, et qui centralise l’opération de confiscation des outils conceptuels et structurels permettant de penser les variétés étiologiques des états démentiels et la dimension psychopathologique des pseudodémences. Cette problématique prend des alluresparticulièrement inquiétantes dans le contexte actuel de la promotion du diagnostic précoce, voire préclinique, dela MA. Notre travail de recherche, qui soutient une approche intégrée du vieillissement, propose un nouveau cadre théorique et pratique qui doit permettre de participer à la reformulation des problématiques de recherche et de terrain sur le vieillissement et donc sur les choix politiques, économiques et sociaux qui en découlent. En nous appuyant sur une série de cas cliniques étudiés de façon qualitative, nous proposons d’envisager la pseudodémence comme relevant de mécanismes d’inhibitions psychogènes névrotiques ou psychotiques, intégrant des tableaux dépressifs mais ne s’y réduisant pas. Notre recherche démontre que la notion de pseudodémence a, aujourd’hui plus que jamais, toute sa place dans la clinique du sujet âgé.