Thèse soutenue

Changement dans la construction sociale de la production alimentaire localisée : analyse à partir du cas drômois

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Auteur / Autrice : Anne-Emmanuelle Fiamor
Direction : Jean-Pierre PoulainJacinthe Bessière
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 24/10/2014
Etablissement(s) : Toulouse 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'étude et de recherche Travail, organisation, pouvoir (Toulouse ; 1994-....) - CERTOP
Jury : Président / Présidente : Vincent Simoulin
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Pierre Poulain, Jacinthe Bessière, Charles-Édouard de Suremain, Pascale Maïzi, Claire Delfosse
Rapporteurs / Rapporteuses : Charles-Édouard de Suremain, Pascale Maïzi

Résumé

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Les productions alimentaires régionales, dites « de terroir » ou « localisées » se sont remarquablement développées à partir du tournant des années 80, selon des modes de valorisation variés allant du petit producteur à l’industriel labélisé. A l’aune d’une enquête de terrain portant sur la diversité des modalités de valorisation des nombreuses productions du département de la Drôme, nous nous sommes rendus compte que la diversité des modes de valorisation sur ce territoire n’était pas seulement de nature organisationnelle et stratégique. En effet, le terrain nous a conduit à supposer l’existence d’une diversité de significations sociales associées à la production localisée. Cette diversité s’incarnait dans le fait que la référence à la tradition n’était plus le seul vecteur de légitimation pour une production localisée. C’est ainsi que nous avons cherché à analyser la diversité organisationnelle mais aussi symbolique des différents processus de valorisation. Au vu de la fonction sociale d’aliment identifié dans un contexte industrialisé qu’ont les productions localisées, nous avons alors compris, qu’un nouveau sens social associé à la production locale serait signifiant d’un rapport nouveau au besoin d’identification de l’alimentation dans un contexte industrialisé et mondialisé. Pour analyser cette diversité organisationnelle et symbolique, nous avons pensé les processus de valorisation comme des systèmes de domination, au sens où l’entend Max Weber. Ainsi, le système et la stratégie de valorisation ont été mis au jour, de même que la forme de la légitimation sur laquelle repose la signification sociale de la production. Dans ce cadre, nous avons analysé six variations de localisation par référence à la tradition ainsi qu’une manière de localiser émergente. Dans cette dernière, l’ancrage local de la production s’effectue par le fait d’avoir été produite, transformée et vendue localement par le petit fermier local, souvent néo-rural, selon des savoirs et des savoir-faire de production, de transformation et d’organisation de vente construits à travers les réseaux de partage et de vente existants entre ces exploitants. Ces réseaux, formels et informels, sont créés soit par le biais du monde associatif agricole soit en toute autonomie. Dans ce cadre, chaque exploitant a pour objectif de produire et de vendre mais aussi de « faire groupe » tout en gardant son indépendance face à ses pairs et face aux acteurs institutionnels. Ainsi, ces producteurs, dans leur rapport à la production et au groupe, permettent l’émergence de savoirs et de savoir-faire de production localisée ancrés dans un « ici et maintenant » culturel associé à leur figure de petits fermiers locaux.