Thèse soutenue

Solidité de l'expertise, prudence de l'innovation : chercheurs et praticiens dans les observatoires d'hydrologie urbaine

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Auteur / Autrice : Mathilde Soyer
Direction : Gilles Hubert
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aménagement de l'espace, Urbanisme
Date : Soutenance le 01/04/2014
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ville, Transports et Territoires (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne ; 2010-2015)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Eau, Environnement et Systèmes Urbains - LEESU
Jury : Président / Présidente : Cécile Blatrix
Examinateurs / Examinatrices : Gilles Hubert, Sylvie Barraud, José-Frédéric Deroubaix, Bernard de Gouvello, Ronan Quillien
Rapporteurs / Rapporteuses : Pierre Muller, Rémi Barbier

Résumé

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Les problèmes croissants posés par la gestion de l'eau en ville ont entraîné ces dernières décennies la structuration d'une expertise en hydrologie urbaine, dont l'objectif est de résoudre les problèmes d'inondations et les dommages environnementaux provoqués par le ruissellement urbain. Cette expertise s'est appuyée sur le développement de coopérations étroites entre des scientifiques et des praticiens des collectivités territoriales, qui ont donné naissance dans les années quatre-vingt-dix, sur les territoires du Grand Lyon, de Nantes Métropole et de la région parisienne, à des formes institutionnelles inédites : les observatoires d'hydrologie urbaine. Ce travail de recherche analyse la constitution de ces dispositifs de production de connaissances en réalisant une socio-histoire de ces collaborations depuis les années soixante-dix. Celle-ci montre comment la structuration des observatoires est déterminée par leur contexte d'origine et le poids de cet héritage sur leurs logiques de fonctionnement actuelles. La trajectoire de chaque observatoire traduit à la fois une histoire singulière et l'existence de « points de passages obligés » empruntés par les trois entités. L'enquête saisit les formes d'organisation particulières des observatoires, la façon dont ils construisent leur double légitimité (dans le champ académique et en s'appuyant sur une demande sociale), l'ambiguïté de leur rapport au politique et les stratégies déployées pour asseoir leur pérennité. Nous questionnons également les modes de production de la science lorsque cette dernière participe à la construction des problèmes et à leur représentation. Cette sociologie de l'expertise est un point de départ à l'analyse des processus d'innovation à l'œuvre dans la gestion des eaux pluviales. Nous mettons en lumière le modèle d'innovation précautionneux induit par cette configuration d'acteurs, qui assigne aux observatoires un rôle d'évaluation et de régulation des pratiques dans un contexte de changement de paradigme de la gestion des eaux urbaines. Une démarche comparative permet de singulariser ce modèle : l'enquête a été élargie à deux terrains témoins « sans observatoire », Rennes Métropole et la communauté d'agglomération du Douaisis, qui présentent un modèle d'innovation plus radical et donnent à voir d'autres conceptions du changement. À travers l'exemple de la communauté scientifique et technique de l'hydrologie urbaine, nous interrogeons ce que produisent ces nouveaux modes d'intervention scientifique et la manière dont ils réorganisent les rapports entre science, technique et politique. L'altérité apportée par les terrains témoins révèle aussi d'autres façons d'envisager « l'agir dans un monde incertain » et de faire face aux risques qui marquent cette politique environnementale en construction