Thèse soutenue

Approche translationnelle de l'impact des antagonistes du récepteur NMDA (N-méthyl-D-aspartate) dans la douleur neuropathique

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Véronique Morel
Direction : Gisèle PickeringLaurence Terrail
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la sante
Date : Soutenance le 04/04/2014
Etablissement(s) : Clermont-Ferrand 1
Ecole(s) doctorale(s) : ED65 Sciences de la vie, santé, agronomie, environnement
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Neuro-Dol (Clermont-Ferrand)
Jury : Président / Présidente : Claude Dubray
Examinateurs / Examinatrices : Gisèle Pickering, Laurence Terrail, Jules Desmeules, Luis Villanueva, Antoine Coquerel

Résumé

FR  |  
EN

Les antagonistes du récepteur NMDA sont des molécules intéressantes dans la prise en charge des douleurs neuropathiques. Certaines d’entre elles, comme la kétamine, génèrent de nombreux effets indésirables, limitant leur utilisation en clinique. D’autres comme la mémantine ou le dextrométhorphane, ont fait l’objet de nombreuses études précliniques et cliniques aux résultats controversés. L’objectif de ce travail était de déterminer l’impact de ces deux molécules sur la douleur neuropathique en évaluant leurs effets antinociceptifs, cognitifs, et les événements cellulaires associés au récepteur NMDA via la phosphorylation de différents résidus de la sous-unité NR2B comme les tyrosines 1336 et 1472 (pTyr 1336 NR2B et pTyr 1472 NR2B) et la serine 1303 (pSer 1303 NR2B), dans un modèle de douleur neuropathique induite par la ligature du nerf spinal L5 chez le rat. Après des résultats précliniques encourageants, une étude clinique, randomisée, en simple insu, contrôlée vs placebo a été réalisée chez 40 patientes atteintes d’un cancer du sein et subissant une mastectomie. L’objectif était d’évaluer si la mémantine administrée en amont de la mastectomie pourrait prévenir le développement de douleurs neuropathiques et l’altération de la cognition, de la qualité de vie et du sommeil, qui accompagnent la prise en charge du cancer du sein. Chez l’animal, il a été montré que la mémantine, administrée en amont du geste chirurgical, prévient le développement des symptômes de douleur neuropathique et la dégradation des processus cognitifs. L’analyse densitométrique des western-blots montre une diminution d’expression spinale et supraspinale au niveau de l’insula et de l’hippocampe de pTyr 1472 NR2B chez ces mêmes animaux. Par contre, administrée en post-chirurgical, la mémantine n’a pas d’effet sur ces différents paramètres. Concernant le dextrométhorphane, les résultats précliniques ont montré que l’administration curative de cette molécule chez les animaux douloureux réverse les symptômes de douleur neuropathique, restaure la mémoire spatiale et entraîne une diminution d’expression spinale de pTyr 1336 NR2B. En clinique, les résultats ont révélé à 3 mois post-chirurgie, 1- une diminution significative de l’intensité douloureuse chez les patientes traitées par la mémantine comparée au groupe placebo, 2- une amélioration des symptômes de douleur neuropathique liés à une chimiothérapie néoadjuvante et 3- une amélioration de la composante affective du questionnaire des douleurs de Saint-Antoine. Cependant, aucune différence significative n’a été observée sur la cognition, la qualité de vie et la qualité du sommeil. L’étude de ces 2 antagonistes, la mémantine et le dextrométhorphane, a permis de déterminer deux approches différentes dans la prise en charge des douleurs neuropathiques via des cibles moléculaires distinctes. En effet, chez l’animal, la mémantine a un effet préventif sur le développement de la douleur neuropathique et sur la dégradation de processus cognitifs via la diminution d’expression spinale et supraspinale de pTyr 1472 NR2B, tandis que le dextrométhorphane a un effet curatif sur ces mêmes paramètres via la diminution d’expression spinale de pTyr 1336 NR2B.L’approche translationnelle concernant l’effet prophylactique de la mémantine en clinique a permis de confirmer l’action préventive de cette molécule sur la douleur globale induite par la mastectomie, ainsi qu’une diminution des symptômes de douleurs neuropathiques liés à une chimiothérapie. Il serait ainsi possible d’envisager l’extension de cette prophylaxie à un plus grand nombre de patientes devant subir une mastectomie ainsi qu’à des chimiothérapies connues pour engendrer des douleurs neuropathiques associées à d’importantes altérations de la cognition et de la qualité de vie. L’effet curatif du dextrométhorphane doit être à présent confirmé en clinique, notamment dans les douleurs neuropathiques post-mastectomie.