Thèse soutenue

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Auteur / Autrice : Adrien Perrard
Direction : Claire VillemantJames M. Carpenter
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la nature et de l'homme. Systématique et évolution
Date : Soutenance en 2012
Etablissement(s) : Paris, Muséum national d'histoire naturelle
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris)
Jury : Président / Présidente : Jean-Christophe Auffray
Examinateurs / Examinatrices : Jean-François Silvain
Rapporteurs / Rapporteuses : Christian Peter Klingenberg, Alain Roques

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La nervation alaire est un marqueur morphométrique souvent utilisé dans l’étude des insectes. Son emploi est cependant restreint à des groupes d’organismes modèles ou limité par la collecte du matériel sur le terrain. L’exploitation des collections d’histoire naturelle permet d’élargir l’utilisation de ce marqueur à des études plus vastes. En tant qu’insectes sociaux de taille importante, bien représentés en collections quoiqu’encore relativement peu connus, les frelons (genre Vespa) constituent un sujet intéressant pour tester l’utilisation de la nervation alaire à différentes échelles de la systématique. L’objectif de cette thèse est d’analyser l’évolution de ce phénotype pour répondre à des questions biologiques sur les frelons à l’échelle des populations, comme au niveau intra- et interspécifique. Un protocole a été mis au point pour analyser la conformation des ailes par la morphométrie géométrique sans qu’il soit nécessaire de détacher les ailes des spécimens naturalisés. Au sein des populations, la conformation alaire reflète le dimorphisme sexuel mais aussi le dimorphisme de caste entre reines et ouvrières. La différence de taille entre castes n’a qu’une faible influence sur ce dimorphisme, suggérant que la métamorphose se déroule de façon différente entre reines et ouvrières. Supposé ancestral chez les frelons, le dimorphisme de caste semble avoir évolué de façon divergente au sein du genre car il diffère d’une espèce à l’autre. A l’échelle intra-spécifique, l’étude phylogéographique de Vespa velutina, un frelon prédateur d’abeilles devenu envahissant en Europe, a révélé l’existence de deux métapopulations en Asie dans l’aire d’origine de l’espèce : une métapopulation continentale (qui s’étend de l’Afghanistan à la Chine orientale) et une métapopulation Indonésienne (de Java à Timor et au Sulawesi). Ces résultats confirment la récente synonymie de V. Velutina et V. Auraria qui ne différent que par la coloration. L’évolution de la nervation alaire de V. Velutina s’avère partiellement congruente avec l’histoire des populations inférée à partir de marqueurs génétiques. L’analyse des covariances intra- et inter-populations suggère cependant que ce phénotype n’a pas évolué uniquement par dérive au sein de l’espèce mais peut être sujet à des sélections ou contraintes développementales différentes selon les populations. Enfin, la conformation de l’aile permet de distinguer et d’identifier 98% des frelons à l’espèce. Elle présente un signal phylogénétique significatif par rapport à la nouvelle phylogénie du genre, établie ici à partir de données morphologiques et moléculaires. Ces résultats suggèrent que la conformation des ailes pourrait être un caractère pertinent pour les analyses cladistiques. Au contraire, l’allométrie de l’aile n’est pas congruente avec l’évolution du genre et tend même à diverger fortement entre espèces-soeurs. La nervation alaire est donc variable selon le sexe, la caste et la population d’appartenance de l’individu et reflète partiellement les différences génétiques chez les frelons, facteur utile dans l’analyse de l’évolution des organismes et de leur relation à l’environnement. Les collections d’histoire naturelles, réservoirs importants de matériel d’étude, ouvrent l’emploi de ce marqueur à d’autres groupes d’insectes peu étudiés ou difficiles à collecter, permettant d’améliorer la représentativité taxonomique et géographique de ces futures études.