La gouvernementalité de la nouvelle économie classique : de la révolution cognitive de l'économie politique à l'escalade sémantique de la gouvernementalité libérale, comment expliquer le succès de la composition de la Théorie des Cycles à l'Équilibre d'Anticipations Rationnelles dans les années 1970
Auteur / Autrice : | Yaël Dosquet |
Direction : | Jacques Sapir |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Économie des institutions |
Date : | Soutenance en 2012 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La macroéconomie keynésienne s’est refondue dans la théorie néoclassique. En fait, la recomposition d’une macroéconomie proprement néoclassique s’est initiée en 1972 avec l’apport d’une théorie des cycles à l’équilibre d’anticipations rationnelles par Robert Lucas. Pour autant, si cet évènement épistémologique est largement reconnu, aucune épistémologie ne l’explique de manière satisfaisante. Ainsi, le propos de cette thèse est de montrer une composition cohérente du problème du succès interne et externe de cette théorie. Elle résulte d’une approche bivalente, d’une part à l’aune de la stratégie théorique mobilisée : l’escalade sémantique (Quine), et d’autre part, resituée dans la généalogie d’un problème silencieusement constitutif de l’économie politique comme discipline : le problème de la gouvernementalité (Foucault), qui pose la question de savoir comment, à travers l’histoire, les hommes se gouvernent par la production de vérité. C’est que dans les années 70 la pratique gouvernementale était alors manifestement en crise, et le modèle de Lucas fut le seul à proposer une solution fiable à ce problème. Ainsi cette nouvelle économie classique, qui forge le renouvellement de la pensée libérale, opère une escalade sémantique de l’économie politique dans trois perspectives constitutives du problème du gouvernement par la vérité : par un réaménagement du processus de subjectivation, par une recomposition du régime standard de formalisation, et par une mise en abîme stratégique du diagramme d’exercice du pouvoir. Ce renouvellement analytique du problème du gouvernement par la production de vérité peut, en bref, être qualifié de révolution cognitive de l’économie politique.