Thèse soutenue

Les retentissements des effractions corporelles sur l’unité psychosomatique de l’adulte insuffisant rénal hémodialysé : étude clinique du traumatisme d’une maladie grave et de son traitement

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Auteur / Autrice : Marjorie Roques
Direction : François Pommier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 18/11/2011
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Connaissance, langage, modélisation (Nanterre)
Jury : Président / Présidente : Dominique Cupa
Examinateurs / Examinatrices : François Pommier, Dominique Cupa, Pascal-Henri Keller, Gérard Pirlot
Rapporteurs / Rapporteuses : Pascal-Henri Keller, Gérard Pirlot

Résumé

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L’insuffisance rénale est une maladie chronique, qui, parvenue à un certain stade, nécessite au patient qui en est atteint, d’avoir recours à un traitement de suppléance permettant de pallier les défaillances de la fonction du rein. Une de ces techniques, l’hémodialyse, comprend trois étapes importantes dans le parcours de la personne malade: l’annonce de la maladie, la création d’un abord vasculaire, le passage au traitement. L’annonce de l’insuffisance rénale a souvent lieu quelques années avant l’intervention de la fistule artério-veineuse et donc bien en amont de la mise en dialyse. Une étude longitudinale aurait permis de procéder au suivi complet de la personne insuffisante rénale à partir de la découverte de la maladie mais les contraintes de temps m’ont conduit à me limiter aux effets après coup de l’annonce et à me concentrer sur les retentissements du traumatisme au moment de la première effraction (création de la fistule artério-veineuse) et de seconde effraction (la mise en dialyse). Au regard des théories psychanalytiques du traumatisme, j’ai cherché à mettre en évidence la portée des effractions corporelles sur l’unité psychosomatique de la personne atteinte d’insuffisance rénale qui se différencie de celle de l’effraction psychique du traumatisme excluant une blessure physique. J’ai repris l’hypothèse de Freud concernant les névroses de guerre qui stipule que l’atteinte physique protège de la névrose traumatique, mais j’ai proposé de modifier la teneur de ses propos en les adaptant à la situation de maladie grave. Par conséquent, la visée de cette recherche est d'étudier le parcours de l'insuffisant rénal à trois temps traumatiques de la maladie dans ses dimensions à la fois psychique et somatique. Afin d'éprouver mes hypothèses, un entretien clinique est proposé lors de la première entrevue, puis des tests projectifs (TAT et Rorschach) accompagnés d'un entretien clinique sont proposés lors de la seconde rencontre. Ma population se compose de huit patients âgés de 22 à 60 ans que j’ai rencontré une première fois lors de la création de la fistule artério veineuse, un moment durant lequel j’ai pu relever que l'annonce de l'insuffisance rénale n’avait pas joué le rôle d'une angoisse signal d'alarme dans l'économie psychique. Car en effet, à l’arrivée de ce nouveau corps étranger, un débordement pulsionnel affleure mettant à jour une fantasmatique de type traumatique. La seconde phase se situe au début des séances de dialyse lors desquelles la sensorialité et les sensations sont mises au service d'une « détresse somato-psychique » convoquant un sentiment d'inquiétante étrangeté et une difficulté de délimitation des frontières corporelles.D’une part, l’analyse au cas par cas des résultats dévoile que la valeur préventive de l’annonce de la maladie quelques années avant l’intervention a été amoindrie par la violence des effractions corporelles D’autre part, l’analyse des tendances générales a mis en évidence une fragilisation de l’investissement narcissique et des repères objectaux à trois niveaux : sensoriel, sensuel, de la représentation. Plusieurs réponses ou couples de réponses face à l’évènement traumatique pouvant appartenir aux dimension régrédiente et/ou progrédiente s’inscrivant dans une histoire singulière et s’exprimant au travers d’un fonctionnement psychique propre à chacun, ont pu être dégagées comme : l’inhibition de la pensée, la rationalisation et l’intellectualisation, le masochisme (mortifère ou gardien de vie), le déni et le clivage non structurel du Moi, les processus névrotiques, les solutions opératoires (répression affective) et les solutions inadaptées.Enfin, l’examen du fonctionnement psychique aux tests projectifs ne permet pas d’établir de lien direct entre l’organisation mentale et les potentialités de réorganisation suite à l’impact du traumatisme comprenant une atteinte physique.