Thèse soutenue

Les écritures populaires aux marges du droit social : plaintes, litiges, protestations

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Auteur / Autrice : Anne-Julie Auvert
Direction : Jean-François Laé
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2011
Etablissement(s) : Paris 8

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Comment lire ces milliers de lettres de particuliers adressées à des administrations de l’État social pour obtenir une aide, un soutien, une prise en charge ? Le fait d’être obligé d’écrire sur sa situation personnelle afin d’accéder à un droit peut-il devenir un moment fort de réflexivité dans lequel se pose la question de la définition de soi ? Que se joue-t-il dans ces prises d’écritures ? Cette thèse étudie plusieurs corpus de lettres à l’intérieur desquelles les auteurs se dévoilent, racontent les problèmes de leur vie ordinaire, demandent et essayent d’obtenir une protection. À travers des lettres recueillies au sein d’une main courante de police des années 1950, des écrits qui lient les chômeurs aux agents de Pôle emploi et des missives reçues par un quasi-ministère, on découvre les injonctions qui pèsent sur leurs auteurs, sommés de donner ou d’actualiser des éléments de leur situation personnelle pour entrer dans les cases du droit social ou faire valoir leur droit. L’analyse porte aussi sur le mot à mot, sur ce que les lettres condensent et cherchent à produire, ce sur quoi elles pensent agir. En retour, et parce qu’elles peinent à entrer dans les armatures administratives et juridiques, les réponses négatives suscitent de nouvelles prises d’écritures. N’est-ce pas dans ce jeu circulaire que se forment à la fois des manières de se définir et des codifications en acte qui ne cessent de renvoyer les auteurs à leurs propres affaires ? Ici, l’écrit est bien un moment problématique, à la fois familial, économique et personnel. Comme geste réflexif et comme coopération aux catégories de l’État, il actualise un rapport social qui lie l’intime et le politique.