Traces en mouvement : histoire , mémoire et rituel dans l’art kija contemporain du Kimberley Oriental (nord-ouest australien)
Auteur / Autrice : | Arnaud Morvan |
Direction : | Barbara Glowczewski, Marcia Langton |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ethnologie et anthropologie sociale |
Date : | Soutenance en 2010 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS en cotutelle avec University of Melbourne |
Résumé
A partir d’une enquête sur le trajectoire de deux peintures des artistes aborigènes de langue kija, P. Nyunkuny Bedford (1922-2007) et Lena Nyadbi (1936), commandées par une commission publique franco-australienne pour être reproduites à grande échelle dans l’architecture du Musée du quai Branly en 2006 (Australian Indigenous art Commission), la thèse explore le contenu historique et biographique de l’art du Kimberley Oriental qui met en lumière une histoire souterraine de la colonisation de cette région depuis le XIXème siècle. La recherche s’inscrit dans plusieurs courants de l’anthropologie de l’art : d’une part, les approches de Thomas (cultural entanglement) et Kopytoff (biographie culturelle des objets) centrées sur les trajectoires interculturelles des objets ; et d’autre part, une analyse en termes de processus mémoriels inscrits dans les œuvres, initiées par les travaux de C. Severi. Nous analysons un corpus de trente peintures contemporaines kija (1983-2008, école de warmun) au regard de trois performances rituelles (type joomba et balga) observées pendant plusieurs enquêtes de terrain en Australie (2005-2008). Ces relations entre création artistique et élaborations rituelles nous ont permis de mettre en évidence la manière dont les artistes utilisent les peintures dans leurs performances vice-versa pour inscrire des événements historiques à la fois dans les œuvres matérielles, les corps et les paysages, formant une mémoire ancrée géographiquement. Ce processus de « mémorialisation » rituelle du paysage, actualisé par les peintures, reflète des temporalités multiples et des mémoires hétérogènes qui circulent aussi bien dans la société aborigène qu’à l’extérieur.