Thèse soutenue

FR
Auteur / Autrice : Martin Jutzi
Direction : Patrick MichelWilly Benz
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physique
Date : Soutenance en 2009
Etablissement(s) : Nice en cotutelle avec Université de Berne
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences fondamentales et appliquées (Nice ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : autre partenaire : Université de Nice-Sophia Antipolis. Faculté des sciences

Mots clés

FR

Mots clés contrôlés

Résumé

FR  |  
EN

De nombreux indices indiquent que l’intérieur de certains petits corps appartenant aux populations d’astéroïdes et des comètes a un degré de porosité élevé. C’est le cas par exemple des astéroïdes de type taxonomique sombre, des comètes de la famille de Jupiter et des objets de Kuiper, comme l’indiquent la densité volumique estimée pour certains d’entre eux (< 1. 3 g/c m3) et l’analyse des poussières interplanétaires récoltées sur Terre. Tandis que la fragmentation d’un corps non poreux se produit essentiellement par la propagation de fissures, celle des corps poreux met en jeu des processus additionnels comme l’écrasement de pores. Les expériences d’impact suggèrent aussi que des corps qui sont peu résistants (ayant une faible résistance à la traction) se comportent comme s’ils étaient robustes. La formation de cratère sur un corps poreux pourrait aussi mettre en jeu le processus de compaction plutôt qu’une éjection de matière. Cela vient de la nature dissipative des matériaux poreux. Pour étudier l’évolution collisionnelle et la durée de vie des populations de petits corps, il est crucial de comprendre le processus de fragmentation des corps poreux. De plus, cette connaissance aidera à définir des stratégies de défense efficaces contre un objet (poreux) potentiellement dangereux. Dans cette thèse, nous étendons notre code de fragmentation basé sur la méthode numérique SPH (Smooth Particle Hydrodynamics) afin d’inclure l’effet de porosité aux échelles inférieures à la limite de résolution numérique en adaptant le modèle appelé P-alpha. Nous décrivons le modèle de porosité en détail. Nous montrons ensuite comment il est implémenté dans notre code de façon cohérente, permettant aussi de prendre en compte des phénomènes complexes, en particulier ceux associés à un très haut degré de porosité. Nous accomplissons ainsi une première validation réussie par comparaison avec des expériences en laboratoire sur de la pierre ponce. Cette validation nous permet d’appliquer le modèle aux plus grandes échelles et de commencer à étudier des problèmes dans le domaine des sciences planétaires. Notre première application consiste à explorer le scénario de formation de la famille d’astéroïdes Baptistina par la fragmentation d’un corps, soit poreux soit non poreux. Puis, nous estimons pour la première fois l’énergie seuil de destruction catastrophique, appelée Q*D, de corps poreux à plusieurs vitesses d’impact. Nous appliquons aussi notre modèle aux expériences d’impact menées dans le cadre de missions spatiales. En particulier, nous modélisons l’impact du satellite SMART-1 (mission ESA) et LCROSS (mission NASA) sur la surface de la Lune. Finalement, nous utilisons aussi notre modèle pour améliorer notre compréhension de processus fondamentaux comme le taux d’atténuation de l’onde de choc dans les cibles poreuses. Nos résultats montrent que la porosité influence fortement le résultat de la destruction d’un corps poreux et qu’il est donc inapproprié de simuler une telle destruction en utilisant un modèle adapté aux corps non poreux en diminuant uniquement la densité volumique du corps. Ainsi, les expériences d’impact en association avec notre modèle permettront d’améliorer notre compréhension du processus de fragmentation pour une large gamme de matériaux poreux. Cela nous permettra d’appliquer notre modèle à une grande variété de planétésimaux, précurseurs des planètes.