Thèse soutenue

L' iconographie des "Grands Yeux" dans la céramique attique de la période archaïque

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Auteur / Autrice : Aurélie Rivière-Adonon
Direction : Annie-France Laurens
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire de l'art et archéologie
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Montpellier 3

Résumé

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Entre 540 et 490 avant J. -C. , deux ‘Grands Yeux’ autour d’un nez, un personnage ou un objet apparaissent sur 2225 vases attiques. Leur sens a fait l’objet de nombreuses hypothèses : la prophylaxie, en se basant sur la coupe comme support le ‘vase-masque’, le ‘vase-visage’ ou miroir, jusqu’à ce que la prise en compte de leur diversité finisse par leur conférer une fonction purement ornementale. Pourtant, en considérant les valeurs de l’œil en Grèce ancienne et particulièrement son caractère actif, puis le fait que près d’un tiers des vases à yeux soient des kyathoi, des skyphoi, des mastoïds, des amphores, des cratères, des hydries, des oenochoés et des lécythes, les différentes thèses sont largement émoussées. D’abord, les jeux de contraste et de colorisation du motif l’insèrent parfaitement dans le climat expérimental des ateliers du Céramique de cette époque. Par ailleurs, les yeux se sont révélés être de véritables opérateurs, capables de structurer l’espace du vase, mais aussi de produire un effet particulier. Ils introduisent, valorisent, dissimulent ou révèlent. Principalement peints sur des vases liés à la consommation de vin du Symposion, ils accompagnent le buveur dans son cheminement vers l’ivresse et le poussent à expérimenter une émotion, qui peut-être conçue comme une liquéfaction ou un envol. Ainsi, avec les figures du satyre, de la ménade, de Dionysos et de Gorgô, les yeux préparent le buveur à la découverte de l’Autre en lui, à une transformation éphémère. Placés entre l’identité et l’altérité, le motif des yeux est symptomatique du bouleversement identitaire qui précède la naissance de la démocratie à Athènes.