Thèse soutenue

De l'encre sur la plaie : éditeurs et éditions en France pendant la Guerre d'Algérie, 1954-1962

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Auteur / Autrice : Nicolas Hubert
Direction : Jean-Yves Mollier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 2007
Etablissement(s) : Versailles-St Quentin en Yvelines
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'histoire culturelle des sociétés contemporaines (Guyancourt, Yvelines ; 1998-....)
Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Baudorre, Omar Carlier

Résumé

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A partir d'un corpus de 944 titres publiés, diffusés et lus pendant la guerre franco-algérienne - guerre de l'écrit comme l'avait été l'affaire Dreyfus - cette thèse s'efforce de remplir un vide laissé par l'historiographie qui s'est jusqu'alors interrogée sur quelques textes militants, partant, de façon synthétique, sur le rôle des seuls acteurs du champ éditorial dotés d'une visibilité médiatique (éditions du Seuil, éditions de Minuit, éditions Maspero). S'interrogeant selon les méthodes d'une histoire du livre, de l'édtion et de la lecture à vocation globalisante, sur les diverses formes (brochures, monographies, tracts) et les différents acteurs (administrations, armée, militants, professionnels de l'édition) qui produisirent une littérature imprimée pendant la guerre de décolonisation, ce travail est une contribution à l'histoire de l'édition politique, mais aussi généraliste, universitaire ou scolaire. Découpé selon un plan qui reflète le rythme de la production (15% de titres publiés en 1954-1956, contre 35% en 1957-1959 et 47% en 1960-1962), il rend compte des reconfigurations opérées, pendant chaque période , au sein du champs éditorial. Des mobilisations intellectuelles de l'automne 1955 et de l'édition de l'Algérie hors-la-loi des époux Jeanson aux dénonciations de la torture du printemps 1957, dans lesquels les comités de citoyens jouèrent un rôle important, une première radicalisation s'observe. La relative réussite des anticolonialistes à invalider le discours d'Etat sur les "opérations de maintien de l'ordre" incite les éditeurs dominant le champ littéraire à traiter de l'histoire immédiate. Sur fonds d'émergence politique et culturelle du Tiers-monde, le rythme de production s'accélère. Les positions se radicalisent à nouveau. La crise de régime de mai-juin 1958 fournit une occasion de traiter la guerre, sans nécessairement faire preuve d'ouverture politique. Une édition nationaliste s'efforce de contrer les anticolonialistes, tandis que l'édition littéraire réactive les idéaux-types de l'orientalisme. Au début des années 1960, les "prétoriens"( Jean Lartéguy) peinent à couvrir le vacarme des" Damnés de la terre" (Frantz Fanon).