Thèse soutenue

La "recherche et développement" en horlogerie : acteurs, stratégies et choix technologiques dans l'arc jurassien suisse (1900-1970)

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Auteur / Autrice : Hélène Pasquier
Direction : Pierre LamardLaurent Tissot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences humaines
Date : Soutenance en 2007
Etablissement(s) : Besançon en cotutelle avec Neuchâtel
Partenaire(s) de recherche : autre partenaire : Université de technologie de Belfort-Montbéliard (1999-....)

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L’objectif de cette étude est de saisir la nature et les modalités des processus de recherche dans la branche horlogère suisse entre 1900 et 1970 afin d’observer s’il existe un modèle régional en matière de recherche et développement (R&D). La démarche adoptée est de nature comparative. Encore peu utilisée par les historiens d’entreprises, elle ouvre de nouvelles perspectives scientifiques. En effet, cette approche permet de dépasser le cadre monographique et de mieux comprendre comment les entreprises s’insèrent dans leur milieu. L’étude se base sur les fonds d’archives de quatre entreprises horlogères privées, à savoir les maisons Jaeger-LeCoultre (Le Sentier), Tissot (Le Locle), Longines (Saint-Imier) et Omega (Bienne). Ces quatre entreprises, définies par le cartel horloger comme des « manufactures », sont géographiquement réparties sur un même espace économique et mono-industriel (arc jurassien helvétique). L’approche est essentiellement de nature empirique. Nous avons examiné les activités quotidiennes, ordinaires et répétitives dans les lieux de recherche (bureaux techniques, unités de R&D, laboratoires) afin de mettre en exergue les facteurs inhérents à l’innovation. L’analyse comparative des différentes « black box » a pour objectif d’observer s’il existe des similitudes inter-entreprises dans la manière d’organiser et de planifier la recherche. Quatre thématiques sont au cœur de cette étude : La première a trait aux modalités d’organisation de la recherche. Quand l’activité créatrice est-elle confiée à des unités techniques distinctes des ateliers ? Quelles en sont les conséquences ? Quelle place l’innovation prend-elle par rapport aux autres départements industriels ? La deuxième s’intéresse à l’intégration des savoirs et des savoir-faire dans les unités techniques. Quelles sont les filières de formation privilégiées par les dirigeants ? Quelles sont les politiques de recrutement adoptées par les entreprises ? Ces dernières se répercutent sur les choix techniques et influencent l’activité de recherche. La troisième s’interroge sur les collaborations « hors murs » et les transferts de connaissances. Les unités techniques sont des endroits poreux qui se nourrissent d’influences multiples. Dans quel but les entreprises développent-elles des partenariats en dehors de leur établissement ? Adoptent-elles cette stratégie dans un but compensatoire ou complémentaire ? Enfin le dernier thème s’intéresse aux orientations techniques et aux choix opérés par les entreprises. Le processus de R&D répond à des stratégies commerciales. En s’engageant dans un projet particulier, les acteurs essaient de se positionner sur un marché et par rapport à leurs concurrents. Nous avons décomposé notre travail en trois chapitres. Le premier est consacré aux acteurs de la branche horlogère suisse. Nous y décrivons conjointement les entreprises, les techniciens-horlogers dans les structures de recherche ainsi que les institutions cartellaires. Dans la deuxième partie, nous analysons les processus de R&D dans la montre mécanique. La comparaison des choix techniques, des activités de recherche et des collaborations menées « hors murs » revèle un niveau de similitude élevé dans les comportements industriels des entreprises. Ce dernier nous permet de conclure à la présence d’un modèle régional dans la recherche en garde-temps mécaniques. Dans la dernière partie, nous nous intéressons aux autres activités de recherche. D’une part, nous observons les stratégies de diversification menées durant les années de crise (1930). D’autre part, nous abordons les activités de R&D engagées dès le milieu des années 1950 dans la montre non-mécanique. L’absence de similitudes inter-entreprises dans les processus de recherche s’explique par plusieurs paramètres (acteurs, choix techniques, niveau de connaissance instable, etc. ). Elle rend caduque l’existence d’un modèle régional de recherche dans la montre non-mécanique.