Thèse soutenue

Des acteurs contre un système : le malaise et le mouvement social au sein de la Gendarmerie Nationale

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Auteur / Autrice : Jean-Yves Fontaine
Direction : Salvador Juan
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Démographie. Sociologie
Date : Soutenance en 2006
Etablissement(s) : Caen

Mots clés

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Résumé

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L’action de la gendarmerie, comme système institutionnel, prend son sens dans la mise en relation de trois principes fondateurs : sa militarité, sa légitimité et son utilité. Le malaise social, fédérateur du mal-vivre individuel et du mal-être des acteurs gendarmes, s’inscrit dans le cadre d’un processus de désinstitutionnalisation qui repose sur quatre fondements : la démilitarisation (civilianisation), la déterritorialisation, la dématrimonialisation et la détemporalisation de l’action de la gendarmerie. Dès les années 90, les aspects individuels et les aspects collectifs de ce malaise se sont progressivement agrégés. La décomposition du modèle « gendarme », l’abandon progressif des valeurs institutionnelles (militarité, territorialité, matrimonialité et temporalité), les exigences de l’efficacité professionnelle et la complexification de la structure organisationnelle de la gendarmerie ont attisé la crise. Après les démonstrations de leurs épouses au cours du printemps 2000, les manifestations de décembre 2001, qui suivent les lettres anonymes de 1989, et qui accompagnent l’emploi intensif d’Internet par les personnels, doivent être considérées comme la volonté exprimée publiquement (fortement médiatisée) de se reconstruire comme collectivité soudée. Les manifestations de décembre 2001 peuvent être interprétées comme un moment d’intense resocialisation interne, de reconstruction sociale, de reconquête de la surface et de réimplantation territoriale et, alors qu’elles présentent, au premier abord, les traits d’un conflit corporatif, constituent les éléments d’un mouvement social propre à la société militaire qui se caractérise par une forte volonté de démocratisation. La gendarmerie a montré ainsi la voie de la démocratie sociale au sens où Alain Touraine l’entend, c’est-à-dire comme « la lutte de sujets, dans leur culture et dans leur liberté, contre la logique dominatrice des systèmes»