Thèse soutenue

Etude à grande échelle des épilepsies temporales mésiales humaines pharmacorésistantes : altération de la neurotransmission et activation du système du complément dans le cortex entorhinal

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Auteur / Autrice : Sarah Jamali
Direction : Pierre SzepetowskiPierre Cau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie des eucaryotes. Aspects développementaux, génétiques et cellulaires
Date : Soutenance en 2006
Etablissement(s) : Aix-Marseille 2

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les épilepsies temporales mésiales (ETM) humaines sont la forme la plus fréquente et la plus sévère d’épilepsies partielles et sont très fréquemment réfractaires aux médicaments anti-épileptiques. Elles représentent à ces titres un véritable enjeu à la fois médical, scientifique et économique. Les ETM se développent généralement à la suite d’une atteinte du système nerveux central comme les traumatismes crâniens, les infections, ou les convulsions fébriles. Cet événement initial entraînerait une série d’événements cellulaires et moléculaires dans des aires spécifiques du cerveau. Ces modifications confèrent progressivement de nouvelles propriétés au tissu épileptogène, et conduiraient au développement de crises épileptiques spontanées récurrentes. Les crises limbiques sont souvent associées à la sclérose de l’hippocampe, cependant différentes études ont également souligné le rôle majeur que joue le cortex entorhinal (CE) dans le réseau épileptogène. De plus, le CE présente moins d’altérations histopathologiques que l’hippocampe et les modifications moléculaires et cellulaires qui lui sont associées sont encore peu caractérisées. Malgré les avancées dans la compréhension de la pathogenèse des épilepsies, les mécanismes physiopathologiques des ETM sont encore mal connus et parmi les quelques études à grande échelle réalisées chez l’Homme aucune n’a analysé le CE. Un premier crible à grande échelle par cDNA microarray, et dans un second temps des expériences de validation par RT-PCR quantitative ont permis d’identifier 6 gènes différentiellement exprimés dans le CE de patients ETM en comparaison avec le cortex temporal externe (CTE) (zone non épileptogène) issu des mêmes patients (contrôles internes), ainsi qu’avec quatre contrôles autopsiques non épileptiques. Deux gènes codant pour des récepteurs de neurotransmetteurs (HTR2A et NPY1R) et un gène codant pour une protéine, FHL2, s’associant à la préséniline et à la sous unité mink du canal potassium KCNE1 sont sous-exprimés et trois gènes codant pour des protéines du système immunitaire et du complément (CD99, CD74 et C3) sont sur-exprimés dans le CE des patients ETM. Les expériences de Western blot quantitatif et d’immunomarquage ont ensuite permis de confirmer la sous-expression de NPY1R dans le CE des huit patients MTLE testés et la surexpression de C3 dans le CE de 7 parmi 11 patients testés. De plus, les expériences d’immunomarquage ont révélé l’existence d’une activation locale du système du complément spécifiquement et exclusivement dans le cortex entorhinal des patients, sous forme d’infiltrats périvasculaires de leucocytes C3+ et / ou de dépôts de C3 et/ou de complexes C5b-9 (membrane attack complex : MAC) à la surface de neurones dans le CE de la majorité des patients analysés (9 sur 11). Ces résultats montrent que la dérégulation locale des systèmes de neurotransmission et l’activation du système du complément sont fréquemment associées à l’évolution des MTLE humaines. Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives pour le développement de nouvelles stratégies préventives, diagnostiques et thérapeutiques, notamment ciblées sur les gènes candidats identifiés dans cette étude.