Thèse soutenue

Etude du déterminisme génétique de la schizophrenie

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Auteur / Autrice : Hélène Jacquet-Delmulle
Direction : Dominique Campion
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie. Biologie et génétique moléculaires
Date : Soutenance en 2004
Etablissement(s) : Rouen

Résumé

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La schizophrénie est une psychose grave de l'adulte jeune qui est préoccupante en terme de santé publique puisqu'elle atteint près de 1% de la population générale. Dans la mesure où la schizophrénie recouvre une grande hétérogénéité clinique et un déterminisme multifactoriel, il a été difficile, jusqu'à ce jour, d'identifier un facteur de risque pour la maladie. L'observation d'une fréquence accrue de traits schizophrènes chez des patients 22q11DS, porteurs d'une délétion hétérozygote de la région 22q11, et d'une incidence élevée de la délétion chez des patients schizophrènes nous a conduit à rechercher des remaniements de la région 22q11 chez des patients schizophrènes. Un criblage exhaustif de cette région par QMPSF chez 63 patients schizophrènes DSMIII et 68 sujets témoins nous a permis de mettre en évidence une délétion hétérozygote sélective du gène PRODH chez deux apparentés schizophrènes. Le gène PRODH code une proline deshydrogenase impliquée dans la première étape de la conversion de la proline en glutamate. Le dosage de la prolinémie chez les patients a révélé une élévation modérée du taux de proline sanguin. Par la suite, le séquençage du gène chez les individus sans remaniements nous a permis d'identifier des mutations faux-sens hétérozygotes chez des patients, associées à des hyperprolinémies modérées. De façon très intéressante, nous avons retrouvé la même délétion et mutation faux-sens de PRODH, mais cette fois ci à l'état homozygote, chez des enfants souffrant d'une forme sévère hyperprolinémie de type I associée à des manifestations neurologiques (retard mental et épilepsie). Pour déterminer l'implication de l'hyperprolinémie dans les psychoses appartenant au spectre de la schizophrénie, nous avons entrepris une étude cas-témoin (incluant 320 patients et 114 témoins), basée sur des critères de diagnostic DSMIIIR permettant la distinction entre les patients schizophrènes, les patients présentant un trouble schizoaffectif et ceux présentant un trouble bipolaire. Cette étude nous a permis de mettre en évidence, d'une part, une association entre l'hyperprolinémie et les troubles schizoaffectifs, et d'autre part, d'associer 5 variations rares de PRODH à l'hyperprolinémie. Nos travaux montrent que l'hyperprolinémie sévère peut conduire à un retard mental souvent associé à une épilepsie, et que l'hyperprolinémie plus modérée semble constituer un facteur de risque pour certaines formes de psychoses.