Thèse soutenue

Poésie-mnémosyne, inscriptions de la tradition et pratiques intertextuelles dans la modernité poétique (Lautréamont, Rimbaud, Apollinaire, Ponge, Deguy, Jude Stephan)

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Auteur / Autrice : Jean-Luc Pestel
Direction : Jean-Marie Gleize
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres modernes
Date : Soutenance en 2004
Etablissement(s) : École normale supérieure-Lettres et sciences humaines (Lyon ; 2000-2009)

Résumé

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Qu'elle écrive contre, avec ou malgré la tradition, une certaine partie de la modernité poétique voit dans le dialogue avec la tradition un principe esthétique fondamental. La présente thèse se propose de le montrer à travers une approche intertextuelle des oeuvres de Lautréamont, Rimbaud, Apollinaire, Ponge, Deguy et Jude Stéfan. Le premier livre envisage deux rhétoriques de la subversion. "Les Chants de Maldoror" déconstruisent méthodiquement l'épopée : déconstruction des règles du poème, éclatement du tissu épique par intrusion de sous-genres parasitaires, hybridation du genre dégénérant en roman-feuilleton. Chez Rimbaud, l'esthétique inaugurale du centon débouche sur une crise de la pratique imitative, soulignée ensuite par le traitement violemment parodique des intertextes parnassien et verlainien. "Illuminations", par la pratique de l'autocenton et de l'autopastiche, achève ce processus permanent d'éradication. Le deuxième s'arrête à l'inverse sur deux poétiques de la réinscription. L'inscription subtile de la mémoire générique, la fabrication de toutes pièces d'un sujet lyrique proprement intertextuel, le jeu entre l'ancien et le nouveau dans les poèmes interdiscursifs traduisent le souci chez Apollinaire d'inventer un "nouveau lyrisme" relié à l'héritage. Chez Ponge, le travail sur des grands socles de la tradition (Lucrèce, Malherbe, Littré) apparaît comme la condition nécessaire à l'avénement d'une écriture objective, "désaffublée" et "autogène". Le troisième livre analyse deux entreprises de recyclage. Sur fond d'effondrement du culturel, Deguy risque une poétique de la conservation profanante en généralisant trafic simoniaque des récits et des métarécits. Stéfan fait du poème un potlatch de livres recyclant ironiquement la "Peau pourrie" de la poésie dans une poétique du croisement et du détournement.