Thèse soutenue

La manière noire, le mal à l'oeuvre dans le roman naturaliste et décadent

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Muriel Louâpre
Direction : Paule Petitier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres modernes
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Tours

Résumé

FR

En 1862, la sorcière de Michelet met fin à la longue carrière de satan comme incarnation principale du mal en littérature, laissant à la génération suivante, naturaliste et décadente, la tâche de repenser les formes et les conditions d'une répresentation du mal dans le roman. Le point d'entrée choisi, à savoir l'exploration romanesque des frontières de l'humain, permet de proposer une définition opératoire du mal comme dissolution de la synthèse humaine, qui au-delà des formes romanesques ponctuelles inaugure le règne de formes d'évidement qui mettent en cause la notion même d'incarnation du mal, soit la capacité du texte réaliste à faire coi͏̈ncider représentation du mal et forme-personnage. [. . . ] C 'est donc par delà-la notion de personnage que sont explorées les voies littéraires d'une conception du mal comme flux ou influence, et la prévalence d'une identification à l'unification destructive des spécificités qu'emblématise la notion de milieu, et qui incite à rechercher la source première des représentations fatales de cette fin de siècle dans un rapport ambigu aux concepts de nature et de réel, que mettent en évidence les nombreuses utopies contemporaines. A la dégradation du réel, comme à la nature marquante, la littérature tente de faire pièce, par la réélaboration opiniâtre d'images à partir des valeurs déchues permettant de faire suivre, fût-ce sous une forme négative, l'essentiel de la croyance. Ainsi l'oeuvre du mal dans le texte naturaliste,et chez enfant illégitime qu'est la décadence, coi͏̈ncide-t-elle avec une écriture de la soustraction, comme dans une manière noire où les valeurs n'apparaissent plus qu'en négatif, sur le fond du délitement du réalisme.