Thèse soutenue

Idéologie politique et lutte de classes dans le discours historiographique du "fatalisme historique" en France sous la Restauration

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Auteur / Autrice : Paul-Laurent Assoun
Direction : Georges Lavau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance en 1987
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Le présent travail part de l'affirmation de Karl Marx, fondateur du matérialisme historique, selon laquelle la notion de "lutte de classes" aurait été "découverte" par les "historiens bourgeois de la Restauration" et analyse le discours historique, philosophique et politique qui aurait rendu possible une telle "invention", soit l'école du fatalisme historique, représentée par Thiers et Mignet ainsi que la pensée historique de Guizot et Thierry. Les productions de l'école du fatalisme historique s’étendent entre 1820 et 1831, date à laquelle l'école reçoit son baptême avec Chateaubriand. Un intense débat idéologique a entouré cette école historiographique, débat lié au combat politique du libéralisme sous la Restauration. C'est ce libéralisme de combat qui a inauguré et "inventé" l'histoire de la Révolution. On est ainsi amené à mettre à jour la conception de l'antagonisme historique - le "machiavélisme historique" - qui implique une lecture singulièrement radicale de la politique. Cette enquête débouche sur l'analyse de la conception du sujet et de l'action historiques et de sa signification proprement politique. Cette généalogie permet de situer la conception marxiste dans sa spécificité. Il devient en effet possible de fonder l'importance d'un moment décisif de la genèse de la pensée socio-politique de Marx, celui de la rencontre avec la convention dont Marx projeta de se faire historien. L'examen des destins du thème de la terreur de Constant et Mignet à Marx permet ainsi de repenser le rapport du social au politique et, au-delà, la question du sujet historique de la transformation. On aboutit ainsi à une relecture de la catégorie marxienne de lutte de classes, comme principe d’écriture de l'histoire. On comprend ainsi comment celle-ci a pu être élevée au rang de catégorie socio-historique, sauf à retrouver la question sur laquelle bute tout discours politique de l’émancipation : celui d'une pensée de la norme historique et d'un "parti" susceptible de surmonter le désordre du monde et légitimer la croyance à son propre idéal. L'archéologie de cette catégorie à travers sa reprise dans ces deux univers historiques et théoriques s'avère une voie privilégiée pour reposer la question de la croyance politique et de l'ordre socio-historique.