Thèse soutenue

Les Pana : une chefferie sacrée en République Centrafricaine

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Auteur / Autrice : Françoise Nozati
Direction : Pierre-Philippe Rey
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris 8

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les pana sont un petit groupe ethnique etabli en republique centrafricaine, frontalier du tchad et du cameroun. Leur nombre est d'environ 60 000 (30 000 en centrafrique et 30 000 expatries au cameroun). A ce jour, aucun travail serieux n'a ete publie a leur sujet. Pendant la colonisation francaise, leur territoire avait d'abord ete rattache administrativement au moyen-congo puis au tchad et a l'oubangui-chari (a. E. F) ; entre 1911 et 1916, il avait ete sous controle allemand. Contrairement aux groupes ethniques dominants en centrafrique, leur langue et leur histoire lointaine ne sont pas oubanguiennes ; elles se rattachent plutot a celles des mboum camerounais (adamaoua). L'objet de la presente recherche est de montrer comment -bien qu'ils soient organises selon un schema moderne d'institutions locales avec des maires nommes par le gouvernement- les pana ont reussi a conserver partiellement leur modele de pouvoir traditionnel. Il s'agissait d'une chefferie bicephale avec un "belaka" considere comme le chef des affaires temporelles et un "gangpana" ou chef de terre representant l'essence meme du groupe ; ce dernier, descendant du clan fondateur est -encore de nos jours- seul autorise a gravir la montagne sacree (le mont pana) et a s'y entretenir avec les ancetres ; c'est lui qui transmet les messages de ces derniers aux vivants et procede aux rites en leur honneur. Jusqu'aux annees 50, le belaka devait etre intronise sur la montagne sacree pour etre reconnu comme chef des pana. Par suite d'une histoire coloniale marquee par la violence (rebellion du kongo-wara et guerre des grottes 1928/1933), le belaka a finalement ete considere comme indigne de l'intronisation rituelle et a cesse d'etre a la fois chef spirituel et chef temporel. Cependant, jusqu'en 1993, le maire de ngaounday ("capitale" locale) etait toujours un descendant du clan duquel etaient issus tous les belaka depuis quatre-vingts ans environ ; il ne prenait aucune decision importante sans en referer au gangpana et aux anciens. Le second objet de recherche a consiste a reconstituer l'histoire de ce groupe qui est entre tardivement en contact avec les europeens (1906) ; ceci a ete rendu possible par un travail approfondi dans les archives coloniales (aix-en- provence, vincennes et potsdam). D'autres informations proviennent des nombreux entretiens realises sur place.