Thèse soutenue

La trame : outil pluriel de l'architecte : vers une pensée de la maison industrialisée selon Pierre Lajus et Fabien Vienne

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Auteur / Autrice : Manon Scotto
Direction : Catherine Maumi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Architecture
Date : Soutenance le 15/12/2022
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Méthodes et histoire de l’architecture (Grenoble ; 1979-....)
Jury : Président / Présidente : Estelle Thibault
Examinateurs / Examinatrices : Richard Klein, Guy Lambert, Giulia Marino, Carine Bonnot
Rapporteurs / Rapporteuses : Véronique Biau, Jean-Baptiste Minnaert

Résumé

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Si la trame semble être un outil usuel de la conception architecturale, commun à l’architecte novice comme au plus aguerri, rares sont les travaux scientifiques qui lui sont consacrés. De surcroit, aucun ne traite du processus d’appropriation que l’architecte met en place pour faire l’apprentissage de ses potentialités. Il peut être question des fonctionnalités de la trame (Zeitoun, 1977), mais jamais des rouages adoptés par le concepteur pour parfaire sa maitrise de cet outil, au fil de ses expériences. Forte de ce constat, cette thèse se propose de décrypter le cheminement emprunté par l’architecte pour apprivoiser, décliner et faire sienne cette méthodologie particulière du projet.Lorsque certains praticiens auraient subi la profusion de réflexions que le XXe siècle a porté sur la trame, parfois instrumentalisée par les institutions ou les industriels, d’autres en auraient fait un levier de création et de réinvention de leur processus conceptuel. C’est le cas des architectes Fabien Vienne (1925-2016) et Pierre Lajus (1930-), ayant fait de la trame un outil privilégié pour concevoir l’architecture. Enrichissant constamment leur processus de conception de références et de retours d’expériences accumulés au gré des occasions (prototypages, voyages, lectures, collaborations), ces architectes n’ont cessé de faire évoluer leur usage de la trame.En ce sens, cette thèse propose une approche biographique, visant à mettre en lumière les éléments de vie des architectes qui auraient sensiblement orienté leur appropriation de la trame, et dessiné, en partie, leurs trajectoires professionnelles ; ainsi qu’une approche analytique de leurs projets, pour comprendre comment ils font usage de la trame dans leur processus de création, et réinterprètent les acquis conceptuels forgés au cours de leurs carrières. En somme, être attentive aux architectes autant qu’à leur production, qu’elle soit dessinée, écrite ou bâtie. Notre problématique vise ainsi à comprendre dans quelle mesure la trame, en tant qu’outil de conception de l’architecte, lui assurerait d’appréhender pleinement la complexité de l’écosystème du projet d’architecture. Développée en quatre parties qui interrogent les processus d’acculturation, d’exploration, de mise à l’épreuve et de conceptualisation de la trame, la thèse éclaire les progressions de l’architecte dans la maturation de son outillage de conception.La maison industrialisée, articulant rationalisation de la conception, expérimentation constructive, multiplicité des acteurs et évolutivité permanente des usages, en est le parfait banc d’essai. A ce titre, le corpus d’étude repose, d’une part, sur des systèmes modulaires et constructifs ayant permis la production de maisons en série (Système EXN, Fabien Vienne, 1974 ; Maison Girolle, Salier-Courtois-Lajus-Sadirac, 1966) ou l’ayant envisagé (Système Trigone, Fabien Vienne, 1960 ; Maisons Phébus et R5, Pierre Lajus, 1983-1985) ; et sur des réalisations singulières (Chalet de Barèges, Pierre Lajus, 1966 ; Maison-agence de Mérignac, Pierre Lajus, 1973) d’autre part. Un ensemble de projets subsidiaires, imaginés par une diversité de concepteurs (architectes, designers, artistes), éclaire ce matériau principal.Loin de se résumer à un principe systématique, la trame – mobilisable à travers les phases, échelles et partenariats inhérents au projet d’architecture ; porteuse d’une multiplicité d’enjeux (constructifs, économiques, spatiaux, etc.) ; perfectionnée au fil des années ; nourrie des composantes variées de l’univers culturel, expérientiel et relationnel de l’architecte – constituerait un outil conceptuel dont il peut couramment faire usage tout en réinterrogeant, en permanence, son processus de création.