Thèse soutenue

Three Essays on the Economics of Migration

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Auteur / Autrice : Lucas Guichard
Direction : Simone BertoliHerbert Brücker
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 11/09/2020
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne‎ (2017-2020)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des sciences économiques, juridiques, politiques et de gestion (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études et de recherches sur le développement international (Clermont-Ferrand)
Jury : Président / Présidente : Michel Beine
Examinateurs / Examinatrices : Ekrame Boubtane
Rapporteur / Rapporteuse : Michel Beine, Timothy J. Hatton, Panu Poutvaara

Résumé

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Les questions autour des migrations internationales, déterminées par des motifs économiques et/ou socio-politiques, apparaissent régulièrement comme un sujet important et clivant à la fois dans le monde politique, dans l’opinion publique ou dans les médias. Alors que l’attention sur ce débat est relativement récente, l’analyse des causes et des conséquences des flux migratoires entre pays est abordée par les économistes et, plus généralement, par le monde universitaire depuis de nombreuses années. Les trois articles de cette thèse s’inscrivent dans la continuité de la littérature économique sur les migrations, tout en contribuant aux recherches déjà existantes sur des problématiques similaires.Dans le premier chapitre, j’examine le schéma de sélection en matière d’éducation des demandeurs d’asile récemment arrivés en Allemagne en provenance de cinq pays d’origine clés : Afghanistan, Albanie, Irak, Serbie et Syrie. L’analyse repose sur des données individuelles uniques collectées en Allemagne, combinées à des enquêtes menées dans les pays d’origine. Les résultats révèlent une sélection positive en matière d’éducation des demandeurs d’asile qui ont pu fuir l’Irak et la Syrie, la sélection est neutre pour les personnes demandant l’asile en provenance d’Afghanistan et est négative pour les demandeurs d’asile venant d’Albanie et de Serbie. Je propose une interprétation de ces résultats fondée sur les différences de durée de séjour attendue à destination, les coûts de migration auxquels sont confrontés les demandeurs d’asile pour atteindre l’Allemagne et la taille des réseaux de migration à destination.Dans le deuxième chapitre, nous soulignons que l’acquisition d’information sur les pays de destination peut être coûteuse pour les migrants. Nous modélisons les éléments de friction relatifs à l’information dans le modèle d’inattention rationnelle et nous dérivons une solution analytique d’une équation de gravité pour les migrations que nous évaluons avec des données. Le modèle prédit que les flux en provenance de pays où le coût de l’information est plus élevé, i.e. où les a priori sont plus importants, sont moins sensibles aux variations des conditions économiques dans les différentes destinations, car les migrants obtiennent rationnellement moins d’informations avant de décider où aller. L’analyse économétrique révèle une hétérogénéité systématique dans le comportement pro-cyclique des flux migratoires entre les origines, ce qui est cohérent avec l’existence de frictions en matière d’information.Dans le troisième chapitre, je tente de répondre à la question suivante : est-ce que l’adoption d’une liste de pays d’origine sûrs influence les demandes d’asile déposées dans les États membres de l’OCDE ? Je m’appuie sur un modèle de gravité structurelle pour dériver une équation empirique de migration qui est évaluée avec des données pour estimer l’effet direct de la liste sur le nombre bilatéral de demandes d’asile. Cela me permet ensuite de résoudre le modèle structurel pour quantifier les externalités provenant d’une expérience contrefactuelle sur la politique des pays sûrs. L’analyse empirique révèle que l’introduction d’une liste de pays d’origine sûrs entraîne une diminution d’environ 30% du nombre de demandes d’asile entre pays. L’exercice de simulation basé sur un changement hypothétique de la politique d’asile suggère la présence d’effets de diversion sur le volume de demandes d’asile entre à la fois les pays d’origine et de destination.