Exister comme sujet, malgré tout : Approche socio-clinique du vécu de femmes chinoises se prostituant en France

To exist as a subject, despite everything : A socio-clinical approach to the experience of Chinese women doing prostitution in France

• Auteur / Autrice : Ting Chen
• Direction : Vincent de Gaulejac
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Sociologie
• Date : Soutenance le 02/12/2021
• Etablissement(s) : Université Paris Cité
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de changement social et politique (Paris ; 2014-...)
• Jury : Président / Présidente : Fabienne Hanique
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Vincent de Gaulejac, Fabienne Hanique, Christophe Niewiadomski, Nathalie Zajde, Sabine Delzescaux, Hélène Le Bail
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Christophe Niewiadomski, Nathalie Zajde

Mots clés

Mots clés contrôlés

Sujet (psychologie)

Prostituées

Sociologie clinique

Histoires de vie

Chinoises

Immigrées

Mots clés libres

Femmes migrantes chinoises

Subjectivation

Mondialisation

Chinese migrant women

Life story

Clinical sociology

Prostitution

Subjectivation

Subject

Globalization

Résumé

La thèse explore le vécu subjectif et l'itinéraire social de femmes migrantes chinoises se prostituant en France. La démarche méthodologique s'appuie sur des récits de vie coconstruits dans une perspective intersubjective. Nous accompagnons ces femmes dans leurs manières d'attribuer du sens aux situations sociales auxquelles elles se trouvent confrontées et en vue d'une réappropriation de leurs expériences collectives et individuelles. A partir des processus de subjectivation qui s'actualisent au cours du recueil des données, nous tentons d'élucider avec elles leurs investissements socio-psychiques et leurs rapports complexes à l'argent, l'amour, l'intimité, la famille, la responsabilité, la liberté, l'histoire, l'avenir, le soi-même et l'autrui... Nous analysons comment ces femmes migrantes tentent de se construire comme sujet de leur histoire, en particulier à travers les réponses qu'elles apportent aux contradictions de leur existence. Face à cela, leurs modalités de socialisation sont envisagées comme des tentatives d'exister, de résister et de créer. En nous affiliant à une épistémologie clinique en sociologie, nous proposons dans la deuxième partie de la thèse une réflexion sur les apports cliniques dans le processus de recherche. Nous étayons notre réflexion premièrement sur le fait que l'analyse au niveau intersubjectif, subjectif et intrapsychique du couple chercheur-femme contribue à mettre en lumière les traits socio-psychiques caractéristiques de cette population née après les années soixante en Chine ; deuxièmement sur le fait de savoir comment le travail contre-transférentiel dans l'après-coup devient une des conditions dans l'accompagnement de la perlaboration psychique ; et enfin une pensée scénique groupale comme production de connaissances qui transforme les scènes sociales ordinaires en situations analytiques. Dans une troisième partie, nous replaçons ces récits dans le grand récit socio-historique de la modernisation de la Chine, en situant les trajectoires de ces femmes au cœur du processus de mondialisation et des rapports qui s'établissent désormais entre la société chinoise et l'Occident. Ceci implique la prise en compte d'une articulation entre collectivisme et individualisme à la faveur de laquelle les chinois recourent aujourd'hui à de nouvelles modalités existentielles qui mobilisent des ressources sociales et psychiques spécifiques. Nous entrevoyons donc un sujet qui discute le rapport entre le désir et le social d'une manière différente.

The thesis explores the subjective experiences and social trajectories of Chinese migrant women doing prostitution in France. The methodological approach is based on co-constructed life stories through an intersubjective perspective. I analyze how these women assign meaning to the social situations they face while re-appropriating their collective and individual experiences. From the subjectivation processes that occur during the collection of data, I attempt to elucidate these migrant women's socio-psychic investments and their complex relationships with money, love, intimacy, family, responsibility, freedom, history, the future, themselves and others. I analyze how these women try to construct themselves as subject of their own history, in particular through the responses they provide to the contradictions within their living circumstances. In this context, their ways of socialization are understood as attempts to exist, resist and create. By mobilizing clinical epistemology within sociology, in the second part of the thesis, I propose a reflection on clinical contributions to the research process. I support these considerations firstly by considering that the analysis at the intersubjective, subjective and intrapsychic levels in the researcher-researched pairing contributes to highlight the socio-psychic traits characteristic of this population of women born after the sixties in China. Secondly, I develop how on the fact of knowing how the countertransference work in the afterwardsness becomes one of the conditions in the accompaniment of psychic working-through; and finally I consider scenic thinking in group as a production of knowledge which transform ordinary social scenes into analytical situations. In the third and final part, I situate these stories within the socio-historical narrative of the modernization of China, by understanding the life trajectories of these women as part of globalization processes and emerging relations between the Chinese society and the West. This implies taking into account the articulation between collectivism and individualism charactering today's Chinese people, as they adopt new existential modalities that mobilize specific social and psychic resources. Thus I here explore a subject that discusses the relationship between desire and the social in a different way.