L'imaginaire de la faim dans les romans de Marguerite Duras
Auteur / Autrice : | Taina Quitterie Desperiers |
Direction : | Nathalie Piégay |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire, histoire de l’art et archéologie. Histoire et sémiologie du texte et de l’image |
Date : | Soutenance le 29/11/2019 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Langue, littérature, image, civilisations et sciences humaines (domaines francophone et anglophone) (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'étude et de recherche interdisciplinaire de l'UFR LAC (Paris ; 2009-....) |
Jury : | Président / Présidente : Évelyne Grossman |
Examinateurs / Examinatrices : Nathalie Piégay, Évelyne Grossman, Marie-Hélène Boblet, Alain Schaffner | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie-Hélène Boblet, Alain Schaffner |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Marguerite Duras a suscité un tel intérêt universitaire ces dernières années qu’il peut paraître peu original de proposer un énième travail sur ses romans. Et pourtant, il semble qu’un thème important de son œuvre soit peu abordé : la cuisine et plus particulièrement la faim qui représente un manque. Marguerite Duras adorait cuisiner, sa maison devait toujours renfermer un ensemble d’ingrédients notés sur une liste. Toujours prête à accueillir des hôtes, elle comparait la cuisine à un acte d’écriture : choisir ses sujets comme ses ingrédients et savoir s’isoler pour concocter le repas idéal pour ses lecteurs. La cuisine, comme l’écriture, est avant tout une affaire de solitude avant de devenir une invitation au voyage et au partage. Marguerite Duras a assurément pensé sa littérature comme un moment propice à la convivialité.Si les scènes de repas sont omniprésentes dans les romans de Duras, elles permettent surtout une approche anthropologique. Dévorer les récits durassiens est une façon d’en apprendre plus sur l’évolution du corps féminin et le statut social des femmes durant un demi-siècle, de 1943 à 1993 (de son premier à son dernier roman). D’un point de vue littéraire, c’est une manière de découvrir une œuvre sans fin, puisque la fin d’un roman annonce immédiatement le début du suivant, proposant une structure narrative fondée sur l’hospitalité et la convivialité, invitant le lecteur à prendre place à ce voyage littéraire qui modifie le sens de la lecture habituelle. Étudier l’imaginaire de la faim c’est avant tout découvrir une écriture du partage, celle de la transmission par l’assimilation d’un phrasé qui tend à la crudité, révélant une sobriété, une maigreur du mot qui va désormais à l’essentiel : faire simple afin de toucher plus de gens. La faim est une façon d’aborder le fondement de l’écriture romanesque de Marguerite Duras, celui qui ne modifie pas le sens des mots mais qui modifie le sens des choses en réponse aux attentes du lecteur.