Thèse soutenue

Musicalité, corps et spiritualité dans la poésie de la négritude chez Césaire, Senghor et Craveirinha

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Auteur / Autrice : Eva Hernandez-Monmarty
Direction : Patrick Quillier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littératures et civilisations comparées
Date : Soutenance le 20/12/2018
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Nice (1965-2019)
Laboratoire : Centre transdisciplinaire d’épistémologie de la littérature et des arts vivants (Nice ; 2012-....) - Centre transdisciplinaire d’épistémologie de la littérature et des arts vivants
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Yolaine Parisot, Dominique Ranaivoson, Françoise Salvan-Renucci, Xavier Vatin

Résumé

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La négritude répond à la fois à une recherche identitaire en réaction à la colonisation et une esthétique littéraire qui emprunte son langage et son rythme au pays natal de chaque auteur et au pays colonisateur. Elle est ainsi en lien avec la politique. Le rythme des poèmes d'Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor et José Craveirinha a une résonance dans la typographie. La typographie est également associée à la musique par l'espace que les mots occupent sur la page. Les bonds rythmiques du tam-tam sont par exemple des bonds typographiques chez Léopold Sédar Senghor. Ce rythme nommé la musicalité en poésie fait entrer différents langages au sein de la poésie. Le questionnement est donc porté sur la poésie et les instruments de musique. En d'autres termes, peut-on y voir un de ces éléments qui entraîne la naissance de l'autre ou bien existe-t-il une co-existence de ceux-ci ? De plus, la typographie offre aussi presque quasi systématiquement des allers-retours entre les deux sens que sont la vue et l'ouïe. Ces allers-retours permis par le peu de ponctuation voire son absence laissent le soin au lecteur de donner un rythme. Les couleurs et la lumière mentionnées dans les poèmes sont autant l'occasion de faire appel à la vue. Les poèmes deviennent picturaux. Le rythme comme le rapprochement des poèmes de l'écriture calligramme confèrent à ceux-ci un aspect physique. Celui-ci se retrouve dans le thème du corps qui est, le plus souvent, le corps de la femme. Le corps féminin est certes empreint de sensualité, mais il est aussi celui de la mère qui traduit la terre natale. De cette manière le lien entre le poète est la terre natale est sensible. C'est aussi ce qui peut expliquer une certaine animalité lorsque les poètes évoquent le rythme du tam-tam et la fabrication de cet instrument de musique en peau. Cela est notamment le cas chez José Craveirinha où le poète prononce le désir de se transformer en « tambor » (en tambour) ou encore dans le rythme effréné de la transe chez Aimé Césaire lorsque la musicalité créée par l'anaphore imite le rythme du tam-tam. Ainsi, le rythme et la musicalité sont proches. Le corps féminin s'étend au corps du poète et aux corps des lecteurs puisque le sensible est mis à l'honneur dans les poèmes des trois auteurs à l'étude. Elle est la marque d'un espace à l'autre que Gilles Deleuze évoquée déjà. La frontière est ce qui est fait pour être transgressée selon le philosophe. L'expérience sensible est cruciale pour les poètes ainsi que la résonance de la parole poétique qui permet de dire des souffrances dans les poèmes de José Craveirinha par exemple. C'est cette pensée, cette spiritualité poétique qui est à l'origine de la particularité de la poésie de la négritude.