Thèse soutenue

Développement des constructions conceptuelles, de la catégorisation et des attributions causales relatives à l'environnement : étude comparative interculturelle

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Auteur / Autrice : Elisa chantal Guillen Gutierrez
Direction : Emmanuel SanderAnnamaria Lammel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie des processus cognitifs
Date : Soutenance le 10/12/2014
Etablissement(s) : Paris 8
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, langage, interaction (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire paragraphe
Jury : Président / Présidente : Blandine Bril
Examinateurs / Examinatrices : Emmanuel Sander, Annamaria Lammel, Évelyne Clément, Raphaële Miljkovitch
Rapporteurs / Rapporteuses : Stéphane Laurens

Résumé

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Cette thèse a pour objectif de montrer l’influence des systèmes écoculturels en prenant en compte les effets développementaux sur l’élaboration des constructions conceptuelles, de la catégorisation et des attributions causales dans les questions relatives à l’environnement. Elle s’appuie sur des recherches issues de la psychologie cognitive, de la psychologie interculturelle et de la psychologie environnementale. Notre thèse s’est construite à partir de trois études exploratoires, dirigées par des théories (« theory driven ») : la théorie des dimensions de valeur (Hosftede, 1998) et celle des différents styles de pensée (Nisbett et al. 2001). Les recherches de terrain ont eu lieu auprès d’enfants et d’adolescents en France et au Mexique, deux pays ayant des traditions culturelles différentes (ex. la langue, les pratiques religieuses et de socialisation). Nous postulons que la réalité culturelle locale influence les constructions conceptuelles, la catégorisation et les attributions causales sur le monde qui nous entoure. La première étude de la thèse examine non seulement les constructions conceptuelles portant sur la nature et l’environnement mais aussi leur co-construction. Les résultats de cette étude montrent que la construction conceptuelle de la nature est mieux élaborée que celle de l’environnement, même si aucune d’entre elles deux ne peuvent atteindre le niveau d’un concept mature (Vygostky, 1978). Nous avons identifié deux modèles cognitifs et des différences significatives dans le contenu des ces constructions conceptuelles selon l’appartenance culturelle des sujets. Toutefois, nous observons avec l’âge un affaiblissement de ces différences, probablement du à l’influence de l’éducation de type occidental. La deuxième étude quasi-expérimentale analyse les modes de catégorisation des objets du monde naturel et des objets créés par l’homme ainsi que la place de l’homme dans la nature. Les résultats concernant ces modes de catégorisation révèlent l’utilisation de différents styles de pensée (Nisbett et al. 2001). D’un côté, les sujets français catégoriseraient le monde en utilisant un raisonnement de type analytique s’appuyant sur les caractéristiques taxonomiques et les propriétés biologiques ou fonctionnelles des objets. De l’autre, les sujets mexicains privilégieraient un raisonnement holistique s’appuyant sur les caractéristiques contextuelles et interactionnelles des objets. Cependant, nous observons encore une fois qu’avec l’âge ces différences sont moins significatives. Les résultats concernant la place de l’homme dans la nature ne révèlent pas de différences interculturelles ni développementales. En effet, pour les enfants et les adolescents des deux cultures, l’homme n’appartient pas intrinsèquement à la nature. Ce résultat souligne ainsi la confusion conceptuelle entre le monde des humains et le monde naturel. La troisième étude quasi-expérimentale s’intéresse au contenu et au type d’attributions causales des modifications ou transformations de la nature. Cette étude explore la compréhension par les enfants et les adolescents des causes de deux problèmes environnementaux (déforestation et pollution atmosphérique) et de deux conséquences du changement climatique (fonte des glaces et montée des eaux). Les résultats mettent en lumière que, dans les deux cultures, les causes des problèmes environnementaux sont plus facilement conceptualisées que celles des changements climatiques. Concernant l’attribution causale, des différences interculturelles et développementales ont été observées. L’analyse des données a révélé différents types de causes : internes, externes, relationnelles et des raisonnements écologiques. Cette thèse démontre que le développement de la pensée humaine est influencé par les connaissances modulées par la culture et l’expérience directe fournissant à l’individu des cadres d'interprétation qui lui permettent de s’adapter socialement.