Thèse soutenue

Les objets dans le roman grec

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Auteur / Autrice : Magdeleine Clo
Direction : Françoise LétoublonChristophe Cusset
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues et littératures anciennes
Date : Soutenance le 10/12/2014
Etablissement(s) : Grenoble
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Rhétorique de l'Antiquité à la Révolution (Grenoble ; 1999-2014)
Jury : Président / Présidente : Michel Briand
Examinateurs / Examinatrices : Christophe Cusset, Ken Dowden
Rapporteurs / Rapporteuses : Michel Briand, Alain Billault

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La lecture de cinq romans grecs conservés, les histoires d'amour et d'aventures qui forment un corpus romanesque homogène (Leucippé et Clitophon d'Achille Tatius, Chéréas et Callirhoé de Chariton, Les Éthiopiques d'Héliodore, Daphnis et Chloé de Longus et Les Éphésiaques de Xénophon d'Éphèse), ne laisse pas présager de l'abondance des objets matériels que l'on peut y trouver. Nous répertorions exactement 710 termes qui désignent 426 objets différents, apparaissant à 4752 reprises dans l'ensemble des œuvres. Nous pouvons organiser ces objets et occurrences dans onze catégories fonctionnelles, qui sont plus ou moins représentées dans les romans : les biens et avoirs, les ustensiles, les armes, le mobilier, les vêtements, les accessoires, les soins corporels, les objets de la scène, les supports de l'écrit, les objets décoratifs et la vaisselle. Cette organisation permet de mieux appréhender l'ensemble des objets du corpus pour révéler l'utilisation littéraire que peuvent en faire les auteurs. En effet, l'objet accompagne avant tout le personnage au cours des péripéties : il est son attribut, l'élément qui permet de l'identifier sans doute possible dans le récit. L'objet donne des informations au lecteur sur l'histoire de ce personnage : témoin des événements qui ont marqué sa vie, il devient alors emblématique de l'individu. Cette relation est resserrée dans le cas des objets de reconnaissance dont font mention les romans de notre corpus. L'objet est signifiant lorsqu'il accompagne les protagonistes et ces derniers peuvent les utiliser pour indiquer leurs intentions ou essayer de les dissimuler. Les personnages tirent profit de l'objet pour le mettre en scène. L'objet leur est un adjuvant essentiel au cours des intrigues. L'objet fait pleinement partie du décor romanesque car il est un élément matériel qui peut être un repère spatial pour les personnages des romans comme pour le lecteur. L'objet, attaché à un lieu, donne également des indications symboliques aux personnages, les aiguillant dans leur voyage dans l'espace méditerranéen. Par conséquent, ces objets peuvent aussi être des obstacles à cette progression. L'objet est un opposant aux personnages, ce qui nourrit les intrigues romanesques. Parmi tous ces objets marqués par l'ambiguïté, le pharmakon se distingue par sa double fonction, déjà présente dans le mot grec, d'adjuvant et d'opposant. Les objets ne sont pas de simples éléments de décor, ils participent pleinement à l'action, au même titre que les personnages. L'objet, lorsqu'il est mentionné, n'est donc jamais anodin. Il peut également être emblématique de la relation entretenue par deux individus : l'objet est le support des relations, et devient symbolique de celles-ci. Effectivement, dans l'objet se cristallisent les sentiments des protagonistes, et l'objet permet leur union, métaphorique, à distance. De nombreux types d'objets participent de cette mise en relation des personnages : les coupes lors des banquets, les lettres échangées, les cadeaux offerts. L'objet est le signe de la relation elle-même. L'objet peut aussi être décoratif et orne dès lors le récit, lorsque les auteurs le mettent en avant dans de longues descriptions, notamment dans de longues ekphraseis qui enrichissent les textes. L'objet n'apparaît parfois pas pour les personnages des romans, néanmoins, il est bien utilisé par les auteurs, notamment pour concrétiser des expressions abstraites : de nombreuses comparaisons et métaphores mentionnent des objets, ce qui « matérialise » le texte. D'ailleurs, c'est dans les discours des personnages que l'objet occupe une place symbolique. Le symbole confère au texte une dimension interprétative qui enrichit encore la lecture des intrigues romanesques. Le discours symbolique éclaire le système des représentations.Ainsi l'objet, support du discours, est capital pour les œuvres romanesques car il permet au texte littéraire de se déployer dans toutes ses dimensions.