Thèse soutenue

Poétique de l'étrange dans les nouvelles de Juan José Millás

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Auteur / Autrice : Carine Vuillequez
Direction : Jean-François Carcelén
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature espagnole contemporaine
Date : Soutenance en 2009
Etablissement(s) : Montpellier 3

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Cette thèse se propose d’analyser l’écriture de l’étrange dans un genre précis, le récit bref, occupant une place importante dans la production littéraire espagnole la plus contemporaine (1975- 2004). Il s’agit ainsi de réfléchir aux modalités d’une filiation fantastique/étrange dont il faut définir les contours et ses conséquences sur le pacte de lecture. Le récit bref actuel, tout en revisitant la tradition, semble s’engager dans la voie d’une rénovation, tant dans l’ordre thématique que dans l’ordre du discours, qui place la notion « d’étrangeté » au cœur de la fiction. Le corpus est constitué des récits brefs de Juan José Millás. Cet écrivain espagnol contemporain élabore au fil de la publication de ses recueils un univers étrange particulièrement dense dans lequel l’espace, le temps, les personnages et l’écriture sont mis à contribution. L’étrangeté et ses avatars (monstruosité, folie, aliénation, défamiliarisation, affranchissement, etc. ) s’expriment dan une diversité de modalités mises en œuvre dans les textes et semblent découler d’une des caractéristiques essentielles de la postmodernité : le décentrement, qui fait que l’homme se sent peu à peu devenir étranger à lui-même. L’analyse des « passages », multiples et surprenants, vers une autre réalité que l’on devine en filigrane dans les textes, suppose des frontières qui s’imposent comme autant d’obstacles à la liberté. Les récits de Millás ont tous pour objectif, et c’est ce qui en fait l’unité, une mise hors norme des personnages et du lecteur par un curieux effet de contagion et de déstabilisation. Pour autant, l’étrange et le fantastique n’oblitèrent pas la dimension référentielle de ces textes, ce qui implique aussi d’analyser les liens unissant l’auteur à un contexte particulier, celui d’une frontière entre deux siècles et d’une réalité espagnole dont il faut cerner la singularité.