Thèse soutenue

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Auteur / Autrice : Vincent Pradel
Direction : Joëlle Micallef-Roll
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance en 2009
Etablissement(s) : Aix-Marseille 2

Résumé

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Le but de ce travail était de présenter et de discuter des applications d’une nouvelle approche pharmaco-épidémiologique permettant de quantifier l’abus des médicaments en conditions réelles d’utilisation. Cette approche utilise la notion de polyprescription (doctor-shopping, recours simultané à plusieurs prescripteurs par un même patient pour obtenir un médicament). La polyprescription est considérée comme une mesure indirecte (proxy) des comportements d’abus et de dépendance aux médicaments. La méthode développée permet de calculer pour chaque patient les parts relatives des quantités prescrites et polyprescrites (obtenue par le recours simultané à plusieurs médecins) d’un médicament donné à partir de bases de délivrance de médicament. La quantité polyprescrite permet de définir deux mesures au niveau de la population : la quantité polyprescrite totale (somme des quantités polyprescrites de chaque patient, mesurant importance de l’abus) et l’indicateur de polyprescription (rapport de quantité polyprescrite totale sur la quantité remboursée, mesurant la propension à l’abus d’un médicament). Cette approche a été appliquée aux traitements par buprénorphine haut dosage (BHD) dans le département des Bouches-du-Rhône (publication n°1). Cette première publication a permis de quantifier pour la première fois l’importance de la polyprescription de buprénorphine (18,6% de la quantité délivrée) et la distribution de la polyprescription parmi les patients traités. Suite au développement de la polyprescription de BHD, un plan d’action de l’Assurance maladie a été mis en place en 2004. Cette situation quasi-expérimentale a permis de contrôler la sensibilité au changement de notre approche et d’évaluer les effets de ce plan d’action sur le détournement de ce produit (publication n° 2). Les publications n°3 et 4 sont des généralisations de cette méthode à l’ensemble des médicaments remboursés en vue d’établir des comparaisons entre médicaments. L’utilisation des Defined Daily Doses (DDD) a permis d’obtenir des comparaisons entre formes galéniques d’un même médicament, entre médicaments d’une même classe et entre classes de médicaments. Ce travail a d’abord été réalisé en collaboration avec l’équipe du CEIP de Toulouse pour la classe des benzodiazépines (publication n°3). Nous avons également utilisé des témoins négatifs (antiacnéiques, insuline…) et des médicaments émergents (tianeptine…) afin d’évaluer la spécificité et la sensibilité de cette approche (publication n°4) dans la détection de comportements d’abus et de détournement en population. Cette méthode est maintenant utilisée en routine pour la plupart des médicaments psycho-actifs remboursés (benzodiazépines, antidépresseurs, opioïdes, stimulants, antipsychotiques, antiparkinsoniens) dans la région PACA-Corse, afin de surveiller en continu l’émergence de nouveaux comportement d’abus de médicament et l’évolution de ceux déjà connus. Les méthodes et résultats issus de ces travaux sont actuellement utilisés par les instances nationales traitant de l’abus et du détournement de médicaments (réseau des CEIP de l’AFSSaPS, Commission Nationale Stupéfiants et Psychotropes notamment).