Thèse soutenue

Ecriture et déracinement : Canetti, Nabokov et Yovkov, ou le "métier du poète" en exil

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Auteur / Autrice : Lioubov Savova
Direction : Stéphane Michaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature générale et comparée
Date : Soutenance en 2007
Etablissement(s) : Paris 3

Résumé

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À travers le dialogue inédit entre Elias Canetti (1905-1994), Vladimir Nabokov (1899-1977) et Yordan Yovkov (1880-1937), cette étude s’est montrée attentive au geste créateur en situation d’exil. Pour autant, l’expérience du déracinement dont il est question non seulement ne recoupe pas forcément la période d’exil, mais s’avère être rétive à toutes les « machines binaires » (Deleuze) que les réceptions nationales lui infligent. Déterminismes historiques et identité artistique s’affrontent : alors même que les migrations forcées découvrent aux écrivains les mécanismes de la haine et dressent des frontières, la construction d’une identité artistique passe par l’ouverture de l’espace et (plus loin) par le dépaysement de la pensée et des sensibilités. Vue par le prisme de ce déracinement rebelle aux conventions du thème, l’histoire intime rivalise avec l’Histoire : le topos de la nostalgie du lieu natal est évincé par le désir d’absence, et l’éloignement des lieux est hissé au rang de moteur de l’écriture. Dans un éventail de genres, de l’autobiographie à la fiction, en passant par les récits, les réflexions et la paralittérature, le phénomène de l’exil est suivi pas à pas dans son cheminement vers l’espace littéraire. Car le « métier du poète » est celui du créateur d’espaces. Il saisit les identités à l’instant de leur métamorphose, et les villes traversées dans leur fugue assoiffée. L’expérience du dépaysement s’ouvre alors sur ce « territoire de l’homme » que Canetti appelait de ses vœux, et qui se dessine dans la perception migrante de l’espace et l’être.