Écrire après : les récits lazaréens de Jean Cayrol
Auteur / Autrice : | Marie-Laure Basuyaux |
Direction : | Michel Murat |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance en 2005 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Mots clés
Résumé
Les récits publiés par Jean Cayrol de 1947 a 1968 peuvent être lus comme une proposition de poétique pour la fiction d'après les camps. Très tôt, Jean Cayrol s'est efforcé d'expliciter son projet sous la forme d'un manifeste, intitulé pour un romanesque lazaréen. Cet essai passe pourtant sous silence son intuition majeure, qui réside, selon nous, dans l'établissement d'un dialogue entre le corpus des témoignages et l'écriture de fiction. Tout en situant leur diégèse dans un monde contemporain et dans un univers quotidien, ces romans, par les indices dont ils sont parsemés, par le choix de leurs topiques et de leurs structures narratives, ainsi que par les métaphores qui gouvernent leur écriture, construisent une relation d'analogie avec les témoignages. De plus, le traitement qu'ils font de l'énonciation rappelle les obsessions propres aux récits des camps (indicible, inaudible, mémoire) tout en leur donnant une forme et des prolongements inédits (l'instabilité énonciative, la poétique du malentendu, l'invention de la mémoire). Enfin, ces récits mettent en question l'idée que la lecture d'un texte de fiction puisse offrir une possibilité de catharsis : ils s'emploient à instiller le malaise chez le lecteur en ménageant des pièges, en désagrégeant la cohérence narrative, ou en brouillant les frontières entre victimes et bourreaux. C'est à l'examen de ce système analogique global qu'est consacrée cette étude. Une telle perspective permet de mieux comprendre la position spécifique de l'œuvre de J. Cayrol, à mi chemin entre une littérature transitive (le témoignage) et une littérature intransitive (le nouveau roman).