Thèse soutenue

Le mythe de Babel dans la littérature du vingtième siècle

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Auteur / Autrice : Sylvie Parizet
Direction : Pierre Brunel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature comparée
Date : Soutenance en 1997
Etablissement(s) : Paris 4

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La littérature du vingtième siècle renouvelle l'image de la tour de Babel. Alors que Kafka propose une relecture très originale de l'épisode, Borges enrichit profondément le mythe en créant la célèbre tour-bibliothèque en 1941 métaphore de l'univers, Babel devient espace à arpenter et à interroger : les enjeux herméneutiques et téléologiques du mythe sont soulignés, et la "fiction" donne naissance à une tradition littéraire (Umberto Eco, Eloi Recoing). En 1951, Pierre Emmanuel écrit un long poème épique, Babel lieu de l'asservissement, la tour est un monde totalitaire qui évoque la Seconde Guerre mondiale et souligne les enjeux politiques du mythe. Deux topoi donnent lieu à de constantes réécritures. Babylone, ville maudite, est le lieu du crime. Maints auteurs, Doblin, Pierre Emmanuel et surtout René Crevel évoquent l'image de la « grande prostituée » en des réécritures qui mêlent fascination et anathème. Mais à cause de la "langue unique" évoquée au premier verset du texte biblique, Babel est surtout un mythe du langage. Si bien des auteurs continuent de déplorer le drame linguistique de la tour - impossibilité à communiquer, imperfection de la langue - d'autres en revanche (Queneau, Joyce) jouent avec la et les langue(s), et choisissent d'envisager la diversité comme une bénédiction. Car au vingtième siècle, Babel n'est plus nécessairement un "mythe de la chute". Les auteurs littéraires, mais aussi les exégètes du texte biblique, opèrent une relecture de l'épisode. La diversité, expression d'une altérité nécessaire et fondatrice, serait venue mettre fin, non à un âge d'or, mais à un désir régressif d'uniformisation, voire à un monde totalitaire. D'autres enjeux sont alors soulignes. Avec Borges et Butor, l'errance en ce monde absurde est cheminement babélien qui conduit à placer la lecture, acte herméneutique par excellence, comme l'écriture, acte créateur assimilé à l'édification de la tour, au cœur du mythe.