Thèse soutenue

La « jeune fille » et sa représentation dans le roman catholique en France (1880-1914)

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Auteur / Autrice : Charles Plet
Direction : Henri ScepiAndrea Oberhuber
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature et civilisation françaises
Date : Soutenance le 15/12/2021
Etablissement(s) : Paris 3 en cotutelle avec Université de Montréal
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littérature française et comparée (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle (Paris)
Jury : Président / Présidente : Stéphane Vachon
Examinateurs / Examinatrices : Henri Scepi, Andrea Oberhuber, Stéphane Vachon, Gisèle Sapiro, Jean-Marie Seillan, Éléonore Reverzy
Rapporteurs / Rapporteuses : Gisèle Sapiro, Jean-Marie Seillan

Résumé

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Parallèlement à la construction progressive du concept d’« adolescence » par certaines disciplines telles la sociologie et la psychologie, la catégorie de la jeune fille prend une importance de plus en plus marquée dans la réalité sociale et la littérature française des années 1880-1914. Et pourtant : malgré son importance tant quantitative que « qualitative » dans le roman tournant-de-siècle, force est de constater que le personnage-personne de la jeune fille n’a reçu que très peu d’attention critique au cours des dernières décennies. C’est encore plus vrai du personnage de la jeune personne tel qu’il est représenté dans le « roman catholique » des années 1880-1914, cette étiquette de même que l’immense espace d’hétérogénéité générique constitutive qu’il représente ayant somme toute fait l’objet de peu de travaux. L’objectif de cette thèse consiste donc à préciser les caractéristiques que revêt la jeune fille de papier en régime catholique d’écriture ainsi que l’utilisation à des fins politiques, socioéducatives et idéologiques qui est faite d’elle par les romanciers catholiques de l’ère 1900 – autrement dit par les différents pôles d’un sous-champ littéraire catholique en construction et en mouvement. Pour ce faire, et au croisement de l’histoire littéraire, de l’histoire culturelle et de la sociologie de la littérature, il convient d’abord de mettre à jour les exigences, normes et valeurs diffusées au sein du sous-champ, toutes liées à la jeune fille historique et sociale et qui conditionnent les postures et les pratiques d’écriture de l’ensemble des agents. Seulement après analyserons-nous les représentations de la « jeune fille » inscrites dans les principaux sous-genres investis par les romanciers catholiques du temps – le roman d’amour, le roman traditionaliste et le roman de vocation spirituelle. On verra alors qu’en plus de rendre visible un conflit de représentations fictionnelles qui réfracte les débats sociaux entre laïcs-républicains et catholiques, les personnages de jeunes filles mis en récit par le roman catholique révèlent les conflits qui opposent différents acteurs à l’intérieur même du sous-champ et, plus largement, du monde catholique de la période 1880-1914. C’est poser que la « jeune fille » est à la fois l’un des enjeux et l’un des instruments fondamentaux du sous-champ des romanciers catholiques tournant-de-siècle : sa représentation littéraire permet en effet aux écrivains catholiques d’alors, en fonction de leur position (dominante-orthodoxe ou dominée-hérétique) dans le sous-champ et des intérêts qui leur sont associés, de prendre position dans le sous-champ littéraire catholique, autrement dit de conserver telle quelle ou de subvertir profondément la structure du sous-champ, et donc par extension la structure du champ des formes et des contenus romanesques.