Thèse soutenue

Dynamiques d'urbanisation et réseaux d'interactions dans le monde celtique transalpin (IVe - Ier s. BCE)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Clara Filet
Direction : Patrice Brun
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Archéologie. Ethnologie. Préhistoire
Date : Soutenance le 10/11/2021
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Archéologie (Paris ; 1990-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Archéologies et sciences de l'Antiquité (Nanterre ; 1999-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Patrice Brun, Lena Sanders, Colin Haselgrove, Olivier de Cazanove, Fabrice Rossi, Stéphane Verger, Alžběta Danielisová, Sophie Krausz

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Ce travail de thèse porte sur l’urbanisation de l’Europe transalpine au cours des quatre derniers siècles avant le changement d’ère. Il vise à proposer un regard neuf sur les modalités de développement des agglomérations du monde laténien, en analysant l’évolution des interactions et de la mobilité des humains et des biens qui a accompagné leur essor. À l’interface des réseaux locaux, régionaux et interculturels, certaines agglomérations de la fin de l’âge du Fer ont été capables de polariser les circulations des personnes, des produits et des idées, accélérant la structuration des territoires et transformant durablement les modes de vie. En étudiant la mise en place de cette interdépendance entre agglomérations et interactions du IVe au Ier s. BCE, cette thèse cherche à préciser les modalités d’émergence de la centralité urbaine en Europe continentale. L’essor de ce réseau urbain est exploré à travers l’analyse des nœuds et des liens qui le composent. Le recensement de 812 sites d’habitat groupé (agglomérations ouvertes comme fortifiées), dans dix pays de la France à la Slovaquie, offre une perspective renouvelée sur l’ampleur de la vague de création d’agglomérations à l’échelle du monde laténien continental. Elle met en évidence les périodes charnières dans le développement des sites d’habitat groupé en Europe, et leur articulation avec les dynamiques régionales propres à certaines zones du monde laténien. Ce travail permet également de caractériser la diversité de l’habitat groupé au second âge du Fer, des hameaux aux grandes agglomérations urbaines, en précisant la variabilité de leurs trajectoires et de leurs fonctions. Les habitants de ces agglomérations ne constituaient toutefois pas des communautés isolées. Pour comprendre l’ampleur des interactions qui les reliaient les unes aux autres, ce travail cherche également à préciser les conditions matérielles des circulations des humains et des biens. En suggérant de nouvelles méthodes d’approche des échanges anciens, il met en lumière la vitalité des circulations économiques de la fin de l’âge du Fer et contribue à la compréhension de l’organisation de ces circulations. Dans ce cadre, il permet notamment de proposer une restitution des axes fluviaux navigables de Gaule ayant pu être en usage aux IIe et Ier s. BCE.Les clés apportées à la compréhension de ces nœuds et de ces liens permettent d’explorer la mise en place de leur interdépendance, et de proposer des méthodes innovantes pour l’étudier. À deux échelles distinctes, ce travail tente de mesurer l’impact de l’émergence d’agglomérations sur l’organisation de la mobilité et des réseaux d’approvisionnement, et d’estimer l’influence de ces circulations dans le développement et la prospérité de certaines agglomérations laténiennes. En croisant concepts et outils de l’archéologie, de la géographie, de la physique et de la science des systèmes complexes, ce travail confronte analyse des données et modélisation. Par cette étude multiscalaire, il cherche à caractériser le rôle de ces sites au sein de leurs réseaux économiques, politiques et sociaux, et les modalités de l’établissement de certains d’entre eux comme de véritables « lieux centraux ». Cette thèse permet ainsi de proposer une conception plus large de l’urbanisation, où le développement de traits urbains ne se résume pas aux seuls caractères intrinsèques des agglomérations, mais est à replacer au cœur des dynamiques territoriales, comme l’émergence non pas d’un nouveau type de site d’habitat, mais de véritables territoires urbanisés.