Thèse soutenue

Les écoles Calandretas et la patrimonialisation de la langue et de la culture occitanes

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Grégoire Andreo
Direction : Carmen Alén Garabato
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance le 24/11/2021
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : DIPRALANG (Montpellier) - DIPRALANG (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Henri Boyer
Examinateurs / Examinatrices : James Costa
Rapporteurs / Rapporteuses : Monica Heller, Romain Colonna

Résumé

FR  |  
EN

Les Calandretas sont des écoles associatives et laïques, nées à Pau (1979) et à Béziers (1980) qui se caractérisent par l'enseignement de la langue occitane selon la modalité dite d'immersion et par l'application de méthodes d'enseignement de type Freinet (« pédagogie institutionnelle »). On peut considérer que les Calandretas sont des politiques linguistiques « par en bas » (venues du terrain et des populations, au travers en particulier d'initiatives associatives militantes) par opposition aux réponses « par le haut » venant de diverses institutions dotées d’un pouvoir matériel et symbolique supérieur (Région, État, ONG...). L’approche englobante et critique des politiques linguistiques dans laquelle cette thèse s’inscrit vise à analyser l’ensemble des enjeux sociaux soulevés par ce type d’action glottopolitique dans le contexte de la revitalisation des « langues en danger » ainsi que ses effets concrets sur le terrain.La première partie est consacrée à poser le cadre méthodologique et à présenter le terrain de l’enquête. Dans la deuxième partie de cette thèse, nous analysons la patrimonialisation en domaine occitan à la fois comme un processus anthropologique participant à la transmission d’une pratique culturelle, comme une construction sociale et enfin comme un discours sur la langue historiquement situé et ces relations avec les concepts de « revitalisation » et de « normalisation » et nous mettons en lien avec les acteurs des politiques linguistiques dont font partie les Calandretas. La troisième partie de ce travail est consacrée à l’appropriation de l’action des Calandretas par les acteurs des politiques linguistiques dans trois villes moyennes d’Occitanie dans le contexte patrimonial précédemment décrit. A travers l’analyse d’un matériel constitué de discours institutionnels, d’entretiens menés avec les acteurs ou encore de discours médiatiques, nous montrons comment les facteurs environnementaux et sociaux influencent localement le déploiement d’une politique linguistique « par en bas ». La quatrième partie s’intéresse à l’appropriation du projet éducatif, linguistique et culturel de Calandreta par les acteurs directement impliqués à savoir les parents, les élèves et les enseignants. A partir de différents types de données issus d’approches qualitatives (entretien, observation participante) et quantitatives (questionnaire) nous montrons comment le passage par une Calandreta influence concrètement les pratiques et les représentations linguistiques dans le sens d’une plus grande pratique de la langue occitane et d’une meilleure conscience linguistique, mais nous mettons également en lumière les facteurs limitant la réussite de ces objectifs. C’est en effet tout l’enjeu de cette thèse que d’essayer de comprendre d’où provient l’écart entre les objectifs d’une politique linguistique donnée et ses résultats concrets sur le terrain en termes de représentations et de pratiques. C’est dans cet interstice que se mesurent les enjeux sociaux, politiques et économiques qui sont au cœur de l’étude des politiques linguistiques.