Thèse soutenue

Les sanctuaires des prophètes dans la Syrie médiévale

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Auteur / Autrice : Clément Moussé
Direction : Jean-Michel Mouton
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes arabes et civilisation du monde musulman
Date : Soutenance le 19/11/2020
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Proche-Orient, Caucase : langues, archéologie, cultures (Paris)
Établissement de préparation de la thèse : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)
Jury : Président / Présidente : Thomas C. Römer
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Michel Mouton, Thomas C. Römer, Jacques Paviot, Marie-Odile Rousset, François Déroche, Jean-Charles Ducène
Rapporteurs / Rapporteuses : Thomas C. Römer, Jacques Paviot

Mots clés

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Mots clés libres

Résumé

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L’islam peut apparaître comme une religion au monothéisme rigoureux, voire intransigeant, centré sur le pèlerinage à la Mekke. Pourtant, la religion musulmane a vu se développer des cultes secondaires, traduits en arabe par « ziyāra-s » ou plus couramment appelés le « culte des saints ». Si le domaine des dévotions secondaires en Islam a donné lieu à de nombreuses études, ces dernières ne se sont jamais appesanties sur ce qu’il a de plus concret dans ces dévotions, soit les sanctuaires en eux-mêmes. C’est ce que nous proposons de faire avec ce travail de thèse. Ces lieux de culte continuent à être visités de nos jours et les sanctuaires font toujours l’objet d’une dévotion de la part de la population musulmane ; ces sites peuvent être considérés comme des objets d’études. En mettant en relation les données archéologiques et les sources textuelles, une histoire de ces sanctuaires et des phases de leur développement peut être écrite. Ce travail s’est limité à une catégorie de saints en particulier : celle des prophètes cités dans le Coran. Il s’agit pour l’essentiel des grandes figures de la Bible et des Évangiles, depuis Adam jusqu’à Jésus, repris par l’islam et évoqués dans le Coran. Cette catégorie de saints a l’avantage de faire le lien entre l’islam et les religions abrahamiques précédentes. Elle permet de vérifier si ces sanctuaires dédiés à ces prophètes musulmans étaient une reprise de la tradition abrahamique dans un territoire précédemment judaïsé et christianisé ou bien s’il s’agissait d’une création musulmane. Ainsi, un corpus de 38 sites répartis dans toute la Syrie médiévale correspondant aux entités politiques actuelles, de Syrie, du Liban, de la Jordanie, d’Israël et de la Cisjordanie a été établi. En partant des données actuelles de terrain et en les confrontant aux informations livrées par les sources textuelles d’origine musulmane, chrétienne et juive et couvrant une large période allant de l’Antiquité jusqu’à la période ottomane, le but principal a été de comprendre tout le processus d’invention, d’implantation et de légitimation de ces sanctuaires dédiés aux prophètes. Ces sites, dont certains avaient une origine antéislamique, ont resurgi au cœur du Moyen Âge et ont suscité une littérature qui les a ancrés de manière pérenne dans la culture musulmane. Il y avait là un besoin, une nécessité de redécouvrir tous ces lieux dédiés aux prophètes. Cette redécouverte des prophètes atteint son apogée au XIIe-XIIIe siècle, dans cette fameuse période dont il est si souvent dit qu’elle fut riche en bouleversements politiques et religieux, une période qui fut dominée par la contre-croisade et l’esprit de ğihād, par les luttes entre sunnites et šī’ites, les rivalités entre les différentes écoles juridiques et l’apparition de différentes structures d’encadrement religieux. Pourtant, un islam populaire coexistait et c’est des traces et des cadres matériels de cette religiosité populaire dont il est question ici de faire la genèse.