Thèse soutenue

Pour une approche discursive de la terminologie européenne et nationale, en français et en espagnol, des textes non contraignants sur les politiques sécuritaires (2001-2018)

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Auteur / Autrice : Francesca Bisiani
Direction : Nicolas FroeligerHelena Lozano MirallesRachele Raus
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage - linguistique. Terminologie, analyse du discours
Date : Soutenance le 18/07/2020
Etablissement(s) : Université Paris Cité en cotutelle avec Università degli studi (Udine, Italie), Università degli studi (Trieste, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences du langage (Paris ; 2019-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de linguistique interlangues, lexicologie, linguistique anglaise et de corpus - atelier de la parole (Paris ; 2005-....)
Jury : Président / Présidente : John Humbley
Examinateurs / Examinatrices : Rachele Raus, John Humbley, Maria Teresa Zanola, José Luis Aja Sánchez, Giovanni Garofalo, Dardo Mario De Vecchi
Rapporteurs / Rapporteuses : Maria Teresa Zanola

Résumé

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Le présent travail se propose d’examiner, par une analyse contrastive, les positionnements qui ressortent d’une terminologie relative aux politiques publiques sécuritaires. Cette recherche s’appuie sur une sélection de textes juridiques non contraignants, en français et en espagnol, publiés entre 2001 et 2018 par la Commission européenne et deux États membres : la France et l’Espagne. Le choix d’analyser les actes émis par les autorités européennes et nationales découle de certaines spécificités qui caractérisent la production du discours institutionnel. Les études récentes dans ce champ de recherche ont démontré que celles-ci tendent à favoriser une rhétorique consensuelle qui soit à même de désamorcer le débat politique. Or, ces stratégies discursives comportent en elles-mêmes la trace de positionnements idéologiques précis. L’observation de la circulation des termes, dans un contexte pluriel comme celui de l’UE, permet alors de détecter les discordances qui caractérisent les productions discursives plurielles concernant la sécurité commune. Pour ce faire, nous avons adopté une approche théorique qui articule la terminologie à certaines notions de l’analyse du discours « à la française » (ADF). La terminologie place le terme, à savoir l’unité lexicale utilisée dans un domaine spécialisé de la connaissance, au centre de sa réflexion. Nous focalisons donc notre étude sur la valeur que le lexique acquiert lorsqu’il est prononcé par une autorité légitime – l’institution – dans le secteur spécifique des politiques sécuritaires. La recherche terminologique a progressivement montré que les termes, comme les unités lexicales, sont liés au contexte d’utilisation et aux conditions de production du discours dans lequel ils s’insèrent. Les variantes dénominatives, qui émergent des sous-corpus, dépendent donc du contexte linguistique et extralinguistique qui entoure l’utilisation du terme. À partir de cet arrière-plan, nous nous sommes demandé si les variantes pouvaient être le symptôme de positions idéologiques discordantes. En ce sens, l’ADF, qui s’intéresse traditionnellement aux idéologies sous-jacentes au langage, nous a fourni les notions nécessaires pour comprendre les raisons pouvant expliquer la variation d’un terme. L’approche méthodologique nous a permis de combiner une analyse lexicométrique du corpus à une observation détaillée du terme dans son contexte, dans les reprises intertextuelles et dans les sources terminographiques. Nos résultats sont présentés après un parcours d’analyse qui commence, selon une méthode déductive, par le choix de certains termes : « prévention», « détection», « répression », « combattant terroriste étranger » et « criminalité transfrontalière». Ces derniers ont été sélectionnés sur la base de recherches menées en amont dans la littérature des relations internationales et sont représentatifs de certaines tensions qui alimentent le débat académique, politique et juridique. Il s’agit, d’une part, d’observer les termes concernant les actions stratégiques (« prévention », « détection », « répression ») et, d’autre part, de réfléchir à la conceptualisation de la menace et de l’ennemi (« combattant terroriste étranger » et « criminalité transfrontalière »). Dans le premier cas, nous nous attardons notamment sur les différentes temporalités qui caractérisent les stratégies de dissuasion et de condamnation d’une infraction ; dans le second cas, nous observons deux dénominations qui présentent des ambiguïtés sur le plan terminologique et discursif et qui évoquent le concept de « frontière » et d’appartenance à un État. En conclusion, notre travail vise à observer les décalages et les ouvertures interprétatives qui se créent lorsque des termes circulent et sont utilisés pour légitimer des pratiques discursives. La thèse montre que le discours institutionnel sur la sécurité finit par occulter les débats qui pourtant sont bien présents et qui devraient donc être explicitement inclus dans l’espace public