Thèse soutenue

Juger la folie : approche sociojuridique de la production du jugement pénal des auteurs d’infractions atteints de troubles mentaux (étude de cas dans le ressort du tribunal de grande instance de Vesoul, en 2012 et 2016)

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Auteur / Autrice : Maryline Martin
Direction : Jean-Michel Bessette
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 27/11/2020
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Sociologie et d'Anthropologie (Besançon)
site de préparation : Université de Franche-Comté (1971-....)
Jury : Président / Présidente : Paul Mbanzoulou
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Michel Bessette, Paul Mbanzoulou, Philippe Combessie, Irène Pursell-François, Lara Mahi
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Combessie

Résumé

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La thèse propose une analyse des mécanismes de production de la décision judiciaire pénale portant sur les auteurs d’infractions atteints de troubles mentaux. La recherche concerne l’étude de 114 prévenus ayant fait l’objet d’un jugement du tribunal correctionnel de Vesoul en 2012 ou en 2016. Des entretiens ont été réalisés auprès des acteurs participant à la production de la décision judiciaire (enquêteurs, experts psychiatres et magistrats) et une immersion de plusieurs années sur le terrain de recherche a permis des observations directes de chaque étape de la procédure. La recherche doctorale part d’un constat : les personnes atteintes de troubles mentaux sont surreprésentées en prison alors que la loi prévoit que les auteurs d’infractions dont le discernement était aboli au moment des faits sont irresponsables. L’étude a pour objet le repérage des auteurs d’infraction atteints de troubles mentaux au cours de la procédure pénale ainsi que le traitement judiciaire qui leur est appliqué. La décision pénale est appréhendée comme le produit d’un processus complexe ; elle est fabriquée en plusieurs étapes : l’enquête, l’expertise psychiatrique, la décision de poursuivre le prévenu devant le tribunal et l’audience de jugement. Chaque phase participe, en effet, à la décision finale de culpabilité, ou de relaxe, et le cas échéant à la détermination de la peine. L’analyse quantitative et qualitative des données nous permet de déceler les mécanismes relatifs à l’identification des troubles psychiatriques dont souffre l’auteur et de repérer des déterminants de la décision judiciaire. L’étude de l’expertise psychiatrique et de son appréhension par les magistrats démontre une nouvelle fonction de cette dernière : celle d’humaniser l’uomo delinquente abstrait et reconstituer l’homme de chair et de sang. Plus qu’une simple évaluation du degré de responsabilité ou de dangerosité de l’auteur des faits, l’expertise psychiatrique implique la reconstitution de l’Etre social dans sa trajectoire de vie. L’expertise donnent accès au magistrat à une part d’humain, tout en confortant leurs propres convictions, ce qui permet de prévenir une déshumanisation de leur fonction et d’apaiser une éventuelle « angoisse de juger »