Thèse soutenue

Les conditions de réussite et d’adaptation des étudiants chinois en France
FR  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Tana Bao
Direction : Philippe CordazzoIsabelle Attané
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Démographie
Date : Soutenance le 12/11/2020
Etablissement(s) : Strasbourg
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales – Perspectives européennes (Strasbourg ; 2009-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe (Strasbourg)
Jury : Président / Présidente : Maryse Gaimard
Examinateurs / Examinatrices : Magali Jaoul, Alain Ayerbe
Rapporteurs / Rapporteuses : Maryse Gaimard, Christophe Bergouignan

Résumé

FR  |  
EN

Alors que les établissements supérieurs français ne connaissaient que peu d’étudiants chinois jusqu’au début du 21e siècle, ils constituent aujourd’hui la plus importante communauté étudiante étrangère issue d’un pays non-francophone. Cette arrivée soudaine s’inscrit dans un choix stratégique lié à un contexte national particulier. Quarante ans de réforme d’ouverture ont bouleversé le paysage sociétal et ont poussé la Chine dans un système de libéralisme économique. La massification et la marchandisation de l’éducation ont accentué la concurrence féroce dans le marché de l’emploi où les étudiants sont inégaux selon leur milieu d’origine, leur lieu d’habitation, leur sexe, etc. Aujourd’hui, les études supérieures apparaissent ainsi comme un moyen d’orienter leur trajectoire sociale (un diplôme renommé ouvrant les portes de l’emploi). C’est sous cette pression que les étudiants chinois partent étudier dans le monde entier pour renforcer leur compétitivité. La France présente en ce sens l’atout de disposer de diplômes à la fois reconnus et relativement « bon marché ». La réussite n’est toutefois pas garantie une fois quitter le pays d’origine. C’est le début d’un voyage fait de contraintes et de libertés, à la fois rempli de défis et de difficultés, constituant une expérience enrichissante, mais parfois aussi douloureuse. Si les recherches sur les conditions de réussite et d’adaptation sont plus fréquentes sur les étudiants natifs ou sur certains étudiants étrangers, celles concernant les étudiants chinois restent peu nombreuses. Cette recherche vise à compléter nos connaissances sur les conditions de réussite et d’adaptation des étudiants chinois en France. Les résultats de ces travaux sont issus de l’exploitation de sources d’enquêtes quantitatives (nationales et locales) et qualitatives avec la réalisation de 41 entretiens sur trois terrains différents (France, Chine et États-Unis). Les résultats montrent que les étudiants chinois ont un taux de réussite plus faible que les étudiants français, mais également plus faible que les autres étudiants étrangers. Ce phénomène se traduit par plusieurs aspects : leurs motivations venant faire des études en France sont souvent liées à une insatisfaction du parcours d’études antérieur ; le faible niveau de français pénalise la réussite dans les études supérieures et renforce les difficultés d’adaptation. La majorité des étudiants chinois en France sont issus de catégories sociales moyennes et doivent compléter leurs ressources par un emploi salarié. De plus, si les étudiantes bénéficient plus souvent des soutiens financiers de la famille, elles ne sont pas nécessairement encouragées à faire des études aussi longues que les étudiants. Dans un contexte sociétal très patriarcales, les filles réduisent leur ambition professionnelle pour ne pas menacer le rôle dominant du futur mari. Enfin de compte, les étudiants ayant de fort bagage d’entrée (bon résultat antérieur, issu du milieu favorisé, etc) cumulent leurs avantages tout au long de la trajectoire. Ce phénomène incite à réfléchir sur le rôle de l’établissements supérieur dans la correction des inégalités sociales. Ceci est autant plus intéressant que dans le marché du travail, les diplômés de France sont souvent discriminés par les employeurs chinois vis-à-vis des candidats issus des établissements prestigieux américains dont les inscrits sont très sélectionnés selon leur capital financier.