Thèse soutenue

Bases neurales de la valeur hédonique des odeurs et ses altérations au cours du vieillissement

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Auteur / Autrice : Laura Chalençon
Direction : Nathalie Mandairon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 17/12/2020
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo) (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....)
Laboratoire : Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (Bron ; Saint-Priest-en-Jarez ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : Anne Didier
Examinateurs / Examinatrices : Nathalie Mandairon, Philippe Faure, Martin Giurfa, Isabelle Caillé
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Faure, Martin Giurfa

Résumé

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Les informations sensorielles que nous percevons suscitent des réponses émotionnelles qui guident notre comportement d’approche ou de retrait, c’est le reflet de ce que l'on appelle la valeur hédonique du stimulus sensoriel. La dimension hédonique est un paramètre dominant de la perception olfactive. En effet, notre première réaction face à une odeur est en général "j’aime" ou "je n’aime pas" avant même d’essayer de l’identifier. Il est bien établi que la valeur hédonique des odorants possède une composante innée mais elle peut être également modifiée par un certain nombre de paramètres dont le vieillissement. L’altération par l’âge de la valeur hédonique des odorants n’est pas sans conséquence puisqu’elle peut affecter la qualité de vie notamment au niveau de la prise alimentaire. Pendant ma thèse, je me suis intéressée aux mécanismes neuronaux sous-tendant l’attraction induite par les odorants plaisants et à leurs altérations lors du vieillissement. L’équipe a mis en évidence dans une précédente étude que les odorants plaisants étaient représentés dans la région postérieure du bulbe olfactif, premier relai cortical de l’information olfactive. Ces données soulèvent la question de comment l’information hédonique présente dans le bulbe olfactif est traitée par le reste du cerveau pour générer un comportement d’attraction. Comme les comportements motivés sont connus pour être sous-tendus par système de récompense, nous avons recherché dans une première étude le rôle de ce circuit dans l’attraction olfactive. Nous avons tout d’abord mis en évidence que l’activation optogénétique du bulbe olfactif postérieur induit un comportement d’autostimulation intracérébrale accompagné d’une activation neurale de l’aire tegmentale ventrale et du tubercule olfactif, révélant la capacité de cette région à recruter le système de récompense. Le tubercule olfactif fait partie du striatum ventral et est donc au carrefour entre le système olfactif et celui de la récompense. Par la technique d’iDISCO, nous avons montré que le bulbe olfactif postérieur projette préférentiellement vers le tubercule olfactif. De plus, nous avons révélé que les odorants attractifs activent de façon spécifique le tubercule olfactif et induisent une préférence de place conditionnée sous contrôle du système dopaminergique. La mise en évidence du pouvoir récompensant de certains odorants avec une implication forte du tubercule olfactif a pu être étendue à l’Homme grâce à des expériences menées en living lab et à l’IRMf. Dans une deuxième étude, je me suis intéressée à l’impact de l’âge sur la perception des odeurs plaisantes et aux bases neurales qui la sous-tendent. Nous avons montré qu’en accord avec des études précédemment menées chez l’Homme, le caractère plaisant de certains odorants s’altère au cours du vieillissement chez la souris. En effet, certains odorants restent encore attractifs et activent toujours le bulbe olfactif postérieur et le tubercule olfactif alors que ce pattern neural n’est plus observé pour les odorants qui ont perdu leur pouvoir attractif. De plus, l’activation optogénétique du bulbe olfactif postérieur chez la souris âgée est capable d’induire un comportement d’autostimulation intracérébrale mais de façon moins robuste que chez la jeune puisque les animaux âgés ont besoin de plus d’essais pour se conditionner et que l’extinction est plus rapide. Enfin, ce conditionnement est accompagné d’une activation du tubercule olfactif, sans activation de l’aire tegmentale ventrale, révélant un recrutement seulement partiel du système de récompense. Ainsi, lors de ma thèse, j’ai pu mettre en évidence l’existence d’une voie d’entrée directe et privilégiée entre le système olfactif et celui de la récompense conférant à certaines odeurs un effet récompensant qui pourrait expliquer leur fort pouvoir attractif. De plus, j’ai montré une altération de cette voie qui pourrait être à l’origine de l’anhédonie olfactive sélective constatée au cours du vieillissement.