Thèse soutenue

Toxoplasma gondii, un champion de course et un redoutable envahisseur. Etude des forces motrices et invasives

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Auteur / Autrice : Georgios Pavlou
Direction : Isabelle Tardieux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Chimie physique moléculaire et structurale
Date : Soutenance le 22/06/2020
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale chimie et science du vivant (Grenoble ; 199.-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut pour l'avancée des biosciences (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Mohamed-Ali Hakimi
Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Tardieux, Ana-Maria Lennon-Duménil, Geneviève Milon
Rapporteurs / Rapporteuses : Friedrich Frischknecht, Serge Mostowy

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Toxoplasma gondii est un microorganisme unicellulaire cosmopolite du phylum des Apicomplexa. Ce protozoaire a adopté un mode de vie parasitaire obligatoire et colonise un vaste répertoire d'animaux à sang chaud. Son succès se vérifie chez la population humaine chez laquelle il persiste après une phase aigue et de manière quasi-asymptomatique essentiellement dans les tissus des systèmes nerveux central et périphérique ou dans les muscles. Environ un tiers de la population humaine est ainsi à risque de complications sérieuses de toxoplasmose, essentiellement lors de dysfonctionnements du système immunitaire qui promeuvent une phase de multiplication microbienne non contrôlée. Le stade de développement responsable des dommages tissulaires s’appelle le tachyzoïte. Il s’agit d’une cellule polarisée mesurant plusieurs micromètres, caractérisée par un appareil apical composé de cytosquelettes et de vésicules sécrétoires spécifiques. C’est par son pôle apical que le tachyzoïte pénètre dans la cellule en injectant un complexe protéique qui s’insère dans la membrane plasmique et le cortex de la cellule hôte. Le complexe, considéré ici comme un nanodispositif invasif, définit une interface étroite ou jonction circulaire entre la membrane de la cellule hôte et le tachyzoïte. Cette jonction sert de porte d'entrée mais aussi de point d'ancrage à la force invasive que le parasite doit exercer pour se propulser au sein d’un bourgeon issu de la membrane plasmique hôte.Le travail de thèse documente des propriétés biomécaniques de la cellule tachyzoïte ayant trait au développement des forces exercées par cette dernière pour (i) se déplacer sur des substrats ou au sein de matrices en trois dimensions (3D) selon un mode de glissement ultra rapide, (ii) pénétrer en quelques secondes au sein d’un bourgeon membranaire dans la cellule hôte qui en fin d’invasion s’individualise comme une vacuole abritant le tachyzoïte.La première partie du travail s’appuie sur une combinatoire d’approches en microscopie, avec de la vidéomicroscopie ultra rapide en temps réel, de la mesure de force et de l’analyse des distances entre le substrat et la surface cellulaire, ceci aux échelles nanométrique et de la milliseconde. Les résultats ont mis en évidence l'intégration spatio-temporelle d'une plateforme d’adhésion apicale à partir de laquelle sont générées des forces de traction qui impliquent le système actomyosine du parasite.L’énergie produite par le couple actomyosine conduit à une force de type ressort suite à la torsion et relaxation des microtubules, et rend compte du glissement hélicoïdal à grande vitesse du tachyzoïte.La deuxième partie de la thèse s'appuie sur l'imagerie quantitative à haute vitesse en temps réel et sur un ensemble de lignées cellulaires conçues pour exprimer des marqueurs fluorescents d'intérêt, ainsi qu'à des tests d'invasion innovants conçus pour analyser l'étape d’individualisation de la vésicule d'entrée. Ces approches ont permis d'identifier la rotation particulière du tachyzoïte qui dirige la fermeture du dispositif invasif circulaire favorisant ainsi à la fois l'étanchéité et la libération de la vésicule d'entrée. Cet évènement de fission membranaire se produit en amont du nanodispositif et est indépendante des mécanoenzymes dynamines des cellules hôtes, une famille de protéines principalement impliquée dans la naissance des endosomes. L’ensemble des données étaye l'idée que le tachyzoïte a développé un nanodispositif invasif multifonctionnel qui, associé au torque final, imite l'activité de fission des dynamines. Enfin, la visualisation d’une réorganisation rapide des marqueurs de la membrane plasmique post-torsion a permis de proposer que celle-ci puisse également agir comme signal mécanique pour opérer la transition du mode de vie extracellulaire à celui intracellulaire.Les concepts et techniques introduits dans cette thèse pourront servir de base pour des études futures sur le comportement mobile et invasif de T.gondii.