Thèse soutenue

MORC, un régulateur épigénétique au carrefour des trajectoires développementales du parasite T. gondii

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Auteur / Autrice : Dayana Farhat
Direction : Mohamed-Ali Hakimi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie cellulaire
Date : Soutenance le 22/10/2020
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale chimie et science du vivant (Grenoble ; 199.-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut pour l'avancée des biosciences (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Isabelle Tardieux
Examinateurs / Examinatrices : Mohamed-Ali Hakimi, Guillaume Moissiard, Shelley L. Berger
Rapporteur / Rapporteuse : Artur Scherf, Thierry Lagrange

Résumé

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Toxoplasma gondii est l’agent pathogène responsable de la toxoplasmose, une maladie sans gravité lorsqu'elle est contractée chez un sujet immunocompétent ou en dehors d'une grossesse. Lorsqu’elle est congénitale, la toxoplasmose peut se manifester par des malformations neurologiques sévères et une atteinte de la rétine, pouvant conduire à la cécité. La toxoplasmose peut être aussi gravissime chez le malade immunodéprimé (SIDA - greffes d'organes - thérapies anticancéreuses). Les principaux modes de contamination sont d’origine alimentaire. L’homme se contamine habituellement en ingérant les kystes présents dans les viandes, ou des oocystes provenant des matières fécales d’un chat infecté et souillant les légumes, les fruits ou l’eau. Si la reproduction sexuée constitue un élément central dans la pathogénèse de la toxoplasmose et la transmission du parasite entre les animaux, cette étape clé du cycle parasitaire reste encore mal étudiée à l’échelle moléculaire, en partie dû à la difficulté à cultiver in vitro les formes sexuées ; pour des raisons évidentes d’éthique, l’utilisation de chats est quant à elle restreinte par la législation. Le destin cellulaire d’un parasite est apparemment prédéterminé par des mécanismes épigénétiques modifiant de manière réversible, transmissible et adaptative, l'expression des gènes sans en changer la séquence d’ADN. Nous avons montré que l’épi-drogue FR235222 en inhibant l’enzyme HDAC3 modifie les trajectoires développementales et promeut l’apparition dans les cultures in vitro des formes latentes et sexuées. Au cours de ma thèse j’ai étudié protéine Microrchidia (MORC), initialement identifiée comme un partenaire de HDAC3. Les protéines MORC interviennent dans la réponse aux dommages à l'ADN et la répression des transposons et bien que conservées chez les eucaryotes restent peu étudiées. Nous avons résolu l’interactome spécifique de MORC qui réunit HDAC3 mais aussi plusieurs facteurs de transcription apetala (AP2). L’immunoprécipitation de chromatine de la protéine MORC, couplée au séquençage massif (ChIP-seq), a montré que la protéine MORC co-localise parfaitement avec HDAC3 à la chromatine au voisinage de plus de 1600 gènes dont l’expression est connue pour être restreintes au stades sexués et latents (sporozoites et bradyzoite). L’épuisement de la protéine MORC de manière inductible par le système dégron induit à l’auxine (AID) confirme la répression par MORC des gènes susmentionnés et de leurs protéines. Le phénomène de transition vers les stades sexués est quasi exhaustif et très peu de gènes échappent à cette régulation par MORC. Nous avons montré que MORC est nécessaire à l’adressage à la chromatine de HDAC3, et émettons l’hypothèse que les facteurs AP2 co-purifiés apportent la spécificité de reconnaissante à l’ADN. Nos données montrent également un schéma de régulation beaucoup plus complexe puisque la déplétion de MORC dans les parasites conduit à l’induction de facteurs AP2 dits secondaires qui aurait pour mission de guider les trajectoires développementales et de garantir l’unidirectionnalité du cycle parasitaire, un élément clé de la persistance et de la transmission entre les hôtes définitifs/intermédiaires de Toxoplasma gondii.