Thèse soutenue

La justice et la prudence : les vertus politiques chez l'Expositio cum quaestionibus super libros Ethicorum de Guiral Ot

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Auteur / Autrice : Ziang Chen
Direction : Sylvain Piron
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes politiques
Date : Soutenance le 26/06/2020
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Christophe Grellard
Examinateurs / Examinatrices : Christophe Grellard, Matthew S Kempshall, Irene Zavattero, Christopher David Schabel
Rapporteurs / Rapporteuses : Matthew S Kempshall, Irene Zavattero

Résumé

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Cette thèse doctorale étudie la question de la valeur morale de l'individu et de son existence relative au cadre sociétal et institutionnel, sur la base del'Expositio super libros ethicorum de Guiral Ot. Écrit pendant la première moitié des années 1320, il s’agit du premier commentaire complet écrit par un théologien franciscain sur l’Éthique à Nicomaque d’Aristote. Le commentaire offre un point de vue sur le paysage intellectuel du XIVe siècle, sur l'état des savoirs et de l'éducation, sur la réception d'Aristote, et sur les pensées morales et politiques. Cette œuvre illustre les traditions intellectuelles des frères mineurs et des commentateurs aristotéliciens dont hérite Guiral ainsi que son originalité vis-à-vis de celles ci. Cette thèse explore les circonstances intellectuelles et politiques entourant la composition du commentaire de Guiral et elle tente d’ancrer ce commentaire philosophique dans son propre contexte historique. Cette thèse porte principalement sur les questions discutées dans les livres V et VI, relatifs aux vertus de la justice et de la prudence, ainsi que sur les questions trouvées dans le prologue concernant le sujet, la structure et la fin de la science morale. Dans le schéma médiéval de la philosophie morale, la justice et la prudence constituent les deux piliers des vertus cardinales. La justice est conçue comme une vertu de la volonté et joue un rôle central dans la tradition franciscaine du volontarisme moral; c'est aussi une vertu inexorablement liée au droit et au légalisme, et par conséquent à l'administration gouvernementale et au système judiciaire, thèmes que Guiral a particulièrement approfondis dans son oeuvre. Selon Guiral, la prudence représente bien plus qu'une simple notion propositionnelle issue d'un raisonnement syllogistique; elle est la raison et la liberté intellectuelle qui sous-tendent fondamentalement l'indépendance morale et volontaire de l'individu par rapport aux raisons institutionnelles. Guiral situe l'individu au cœur de toutes les considérations morales et politiques. Il dérive ainsi les principes et la structure de l’éthique de l'expérience de l’individu dans sa société. Dans son commentaire, Guiral démontre une compréhension profonde du volontarisme et du subjectivisme individuel: la liberté volontaire du sujet moral et l'humanité de la personne dépassent toujours la raison institutionnelle et l'être collectiviste.